Tout a commencé en août 2006, lorsque la société maritime Trafigura a affrété le Probo Koala pour transporter jusqu'en Côte d'Ivoire des déchets extrêmement toxiques pour y être traités. Finalement, ils furent déversés dans diverses décharges autour d'Abidjan et, selon l'ONU, le déversement de centaines de tonnes de ces résidus pétroliers avait causé la mort d'au moins 15 personnes et l'intoxication de milliers d'autres.
C’est donc près de quatre ans après les faits, que Trafigura se retrouve, pour la première fois, dans le box des accusés. Jusqu'ici, cette société spécialisée dans le négoce de matières premières était toujours parvenue à échapper à la justice. Tout d'abord, en février 2007, pour éviter une condamnation à Abidjan, elle avait versé 100 milliards de francs CFA, près de 152 millions d’euros, à l'Etat ivoirien. Ensuite, en septembre 2009, pour mettre un terme à une action intentée devant les tribunaux britanniques, elle avait accepté de payer 750 000 francs CFA, près de 1 140 euros, à chacune des 31 000 victimes des déchets toxiques déversés.
Le procès qui s’est ouvert se fera sans le patron de Trafigura, sans les victimes ivoiriennes et sans même aborder directement le déversement des déchets toxiques à Abidjan. Devant le tribunal d'Amsterdam, il ne devrait être en effet question que de l'escale néerlandaise du Probo Koala. Pour mémoire, le navire avait accosté le 2 juillet 2006 dans le port d'Amsterdam pour faire traiter 500 tonnes de slops, des résidus de nettoyage des cales. Finalement, l'opération avait été annulée car la société Amsterdam Port Services avait demandé une somme bien plus élevée que celle convenue, après s'être aperçue que les déchets qu'elle devait traiter étaient plus toxiques qu'annoncé.
Trois jours plus tard, le Probo Koala avait repris la mer en direction de l'Estonie, puis de l'Afrique de l'Ouest. C'est donc cette courte escale qui vaut aujourd'hui à Trafigura, son courtier Naeem Ahmed et au capitaine ukrainien du Probo Koala d'être poursuivis par le parquet néerlandais. Les trois sont notamment jugés pour avoir enfreint la législation européenne sur les importations et les exportations de déchets et pour faux en écriture.
La ville d'Amsterdam qui gère le port et la société Amsterdam Port Services sont également poursuivies pour avoir violé les lois sur la protection de l'environnement et pour ne pas avoir empêché ces exportations illégales. Le procès devrait s'achever dans cinq semaines. Le courtier de Trafigura et le capitaine du Probo Koala risquent plus de 20 ans de prison.