L'état-major de l'armée guinéenne s’est réuni mercredi soir, 19 mai, avec les principaux dirigeants politiques du pays, au Palais du peuple (Assemblée nationale) de Conakry. Au lieu et en place d’une concertation, les leaders politiques ont eu droit à une véritable mise en garde. L’armée, qui n’a aucune raison, ni envie d’intervenir dans le processus électoral, exige des politiques « du calme et de la sérénité ».
Le colonel Nouhou Thiam, chef d’état-major de l’armée, leur a dit, notamment : « L’armée guinéenne compte entièrement sur votre sens de la démocratie et compte entièrement sur votre maturité politique. J’espère que tout va bien se passer parce que moi, en cas de dérapages, là je vais "mater". En tout cas, nous vous promettons que nous sommes prêts, nuit et jour ».
Le même officier a invité les dirigeants politiques guinéens à respecter les résultats du scrutin présidentiel : « Entre vous, aussi, respectez-vous. Celui qui sait que démocratiquement il a perdu, il n’a qu’à l’accepter. Il faut que les lois soient respectées en Guinée, parce qu’un pays sans loi, c’est le désordre ».
Réactions de la classe politique
Visiblement satisfaits de la non-ingérence de l’armée dans le processus électoral, les leaders politiques guinéens ont exprimé leurs réactions aux micros de RFI. Selon François Fall, candidat à l’élection du 27 juin, « ce que le colonel a dit nous rassure un peu, parce que vous savez que l’armée a un rôle très important à jouer dans ce processus électoral. D’abord, pour la sécurisation des populations, des leaders politiques et aussi et surtout, pour le respect des urnes. Parce que si l’armée réaffirme cette vocation républicaine on doit s’en féliciter. Nous, nous avons toujours voulu d’une armée républicaine respectueuse des institutions, mieux formée et mieux équipée, qui soit une armée qui se donne à la défense du territoire national, la tâche du développement et aussi, pourquoi pas, aux opérations de maintien de la paix, comme certaines armées africaines ».
Sydia Touré, un autre candidat à l’élection présidentielle, a également réagi aux déclarations du chef des armées de Guinée : « Je crois que c’est bien de mettre bon ordre dans tout cela, dès maintenant. Pour qu’on n’arrive pas, après, à des dérapages incontrôlés ».