Jusqu'à présent, la carte politique guinéenne était assez simple à comprendre. Alpha Condé, l’opposant historique, régnait en Haute-Guinée. Sidia Touré, l'homme qui fut l'un des Premier ministre les plus populaires sous Conté, s'était taillé un fief en Basse- Guinée. La région de la forêt répartissait ses votes, tandis que dans le Fouta, deux grandes figures aujourd'hui disparues Siradou Diallo et Mamadou Bah se partageaient l'électorat. Le PUP le parti au pouvoir, se chargeait de rééquilibrer le tout au profit de Lansana Conté après la fermeture des bureaux de vote. Mais aujourd'hui, le jeu est démocratique donc plus ouvert et partant, plus incertain.
Alpha Condé voit arriver dans son fief des outsiders sérieux comme Lansana Kouyaté, l'homme qui a géré durant près d'un an la première transition en 2007 à la suite des grandes grèves. Mamadi Diawarra, ex-député du PUP ( Parti de l'unité et du progrès) et industriel du yaourt, est une personnalité en vue dans la ville de Siguiri. Enfin l'éphémère Premier ministre François Fall compte lui aussi sur l'électorat malinké pour réussir son baptême du feu politique.
En Basse-Guinée là aussi, la concurrence s'annonce rude. Abe Sylla, Mamadou Sylla, Aboubacar Somparé vont tenter de concurrencer Sidia Touré dans le cœur des électeurs Soussous, orphelins de Lansana Conté.
Les querelles ethniques à mettre en sourdine
En Guinée forestière la situation est sans précédent. Cette région qui est le deuxième
bassin électoral du pays, est en proie à une sorte de repli identitaire depuis l'éviction du pouvoir de l'enfant du pays, Dadis Camara. Les forestiers se sentent floués. Suivront-ils Papa Coly Kourouma ancien ministre de Dadis Camara ? Ou s'abstiendront-ils massivement comme le redoutent certains observateurs ? Cette région est en tous cas, l'une des inconnues du scrutin.
Reste le Fouta qui tend les bras à Cellou Dalein Diallo au même titre que la grosse communauté peuhle de Conakry. Cellou Dalein Diallon, ministre durant plus de dix ans et ancien Premier ministre est sans doute le seul qui voit l'horizon dégagé dans sa région naturelle. Mais pour lui comme pour tous les candidats, une chose est claire : personne ne pourra gagner sur la seule base régionale, d'ou l'impérieuse nécessité d'avoir un discours national et de mettre en sourdine les querelles ethniques.