Dussuyer: «Je brûle d’envie de gagner avec la Côte d’Ivoire»

Michel Dussuyer, expert en football africain, a été nommé lundi à la tête de la très convoitée sélection ivoirienne de football. Ses objectifs, sa passion de l’Afrique, l’état de son nouvel effectif : le technicien français évoque pour RFI l’énorme défi qui l’attend.

RFI : Soulagement, appréhension, quel est votre sentiment après cette nomination ?

Michel Dussuyer : Il y a beaucoup de sentiments mêlés. De la joie évidemment, de la fierté aussi d’être nommé à la tête du champion d’Afrique, et de la détermination. J’ai envie que ça commence, j’ai envie de retrouver la compétition au mois de septembre et de continuer la dynamique qui a été entamée dans cette équipe de la CAN 2015. Il y aura un titre de champion d’Afrique à défendre, c’est un gros challenge à relever donc j’ai hâte d’y être.

Vous étiez 49 candidats au départ, ensuite il y a eu une liste de cinq noms, elle-même réduite à trois. Vous étiez en finale face à Frédéric Antonetti que l’on connaît bien en France mais qui n’a pas, à l’inverse de vous, d’expérience en Afrique. Est-ce que c’est ce qui a fait la différence ?

J’imagine que ça a pesé dans la balance. Maintenant, pour connaître les critères, il faut poser la question aux membres de la Fédération ivoirienne de football.

Parmi les conditions imposées aux candidats, il y avait l’obligation de résider en Côte d’Ivoire. Vous allez donc vous installer à Abidjan.

Oui. Ce n’est pas nouveau pour moi. J’ai l’habitude de résider dans le pays où je fais office de sélectionneur. C’est important quand on travaille pour un pays de bien le connaître, de s’y intégrer, d’en connaître toutes les composantes. Le football local en fait partie, un sélectionneur se doit de connaître tous les joueurs, pas seulement les expatriés. Il se doit aussi d’apporter sa pierre à l’édifice, il y a beaucoup à faire en Afrique, dans le domaine de la formation notamment.

Ce sont des retrouvailles puisque vous avez été l’adjoint d’Henri Michel en 2006. Vous connaissez bien la Côte d’Ivoire.

Oui, cela avait d’ailleurs été une très belle expérience. On avait fait la Coupe d’Afrique des nations en Egypte et atteint la finale. On avait perdu aux pénaltys. Il y a aussi eu la participation à la Coupe du Monde, c’est un excellent souvenir. Je pense que ce sont des choses qui ont compté dans la prise de décision, parce que les gens me connaissent.
Concernant l’effectif, il y a eu beaucoup de départs et de changements ces derniers temps. C’est une équipe qui est aujourd’hui en phase de transition et de rajeunissement. Ça a débouché sur une très belle performance lors de la CAN. Il convient d’entretenir cette dynamique pour que cette équipe continue à porter haut les couleurs de la Côte d’Ivoire.

C’est un immense challenge pour vous avec de nombreuses échéances toutes proches : le Championnat d’Afrique des nations en janvier prochain au Rwanda, la CAN 2017 et la Coupe du monde 2018. Vous allez dans un premier temps signer un contrat de deux ans. Cela fait beaucoup d’objectifs en peu de temps.

En effet, il ne faut pas traîner. Le match contre la Sierra Leone étant début septembre [le 4 septembre dans le cadre des éliminatoires de la CAN 2017, ndlr], ça va vite venir. Il faut se mettre au travail rapidement. Concernant l’équipe A, il y a une ossature qui a joué la CAN, mais il y a quelques blessés aussi et deux joueurs qui ont décidé de prendre leur retraite, donc il y a du travail en perspective.

Arriverez-vous avec vos propres collaborateurs ou intégrerez-vous une équipe déjà en place ?

J’ai l’habitude de travailler avec des entraîneurs locaux. Il y a un entraîneur qui était déjà présent avec Hervé Renard [le précédent sélectionneur de la Côte d’Ivoire, ndlr], Ibrahim Kamara. Je pense que c’est une très bonne chose qu’il soit dans le staff aujourd’hui pour assurer une transition.

Cela fait 13 ans que vous êtes entraîneur en Afrique. Qu’est-ce qui vous pousse à travailler sur ce continent ? Qu’est-ce que vous aimez dans le football africain ?

D’abord j’aime le football tout court. Je dis toujours que je suis un privilégié parce que j’ai fait de ma passion mon métier, j’ai passé ma vie à être payé pour jouer. C’est un luxe qui n’est pas permis à tout le monde, j’en ai conscience. L’Afrique, c’est le haut niveau. La sélection, c’est la possibilité de jouer des matches de Coupe d’Afrique, de Coupe du monde, avec des enjeux, de la passion. Vous connaissez l’importance des équipes nationales dans les pays africains. Ce sont souvent des éléments fédérateurs, donc il y a une pression très forte et tout cela concourt à entretenir ma passion. Le continent africain, j’ai appris à le connaître et à l’aimer parce que c’est un continent et des gens passionnés et très attachants. J’ai beaucoup de plaisir à être avec eux.

Et vous allez sans doute avoir beaucoup de plaisir à être avec les Yaya Touré, les Gervinho et cette formidable génération actuelle et à venir.

Oui bien sûr, il y a un effectif de grande qualité. Il y a des moyens humains et matériels qui font que c’est une équipe de haut niveau avec des objectifs et des challenges très intéressants, qui font que je brûle d’envie de gagner des titres avec elle.

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