Vendredi 13 de cauchemar pour la Roja face aux Pays-Bas

Après avoir ouvert la marque sur penalty au milieu d’une première mi-temps bien maîtrisée dans l’ensemble, l’Espagne s’est totalement effondrée face aux Pays-Bas dans le 1er match du groupe B. Corrigés 5-1 par leurs victimes d’il y a quatre ans, les tenants du titre ont subi une véritable humiliation à Salvador de Bahia.

« Je ne suis pas superstitieux, ça porte malheur », a dit un jour le ténor espagnol Placido Domingo. On ignore si les hommes de Vicente Del Bosque avaient cette phrase en tête en pénétrant sur la pelouse de l’Arena Fonte Nova de Salvador de Bahia, tous vêtus de blanc un vendredi 13, ce blanc d’Espagne qui ne leur réussit jamais dans les grandes compétitions et qu’ils n’avaient d’ailleurs plus porté depuis une Coupe du monde 2002 ratée. Toujours est-il qu’ils ont vécu un véritable cauchemar vendredi face à des Néerlandais avides de revanche, quatre ans après leur défaite en finale de la 19e Coupe du monde à Johannesburg, crucifiés par un but d’Andres Iniesta à la 116e mn.

Un but qui change tout

Tout avait pourtant idéalement commencé pour les champions du monde et double champions d’Europe qui contrôlaient le jeu à leur guise en première mi-temps, guidés par un David Silva très en jambes, un Andrès Iniesta toujours précis et un Xavi clairvoyant comme à l’habitude. Sur le faux rythme qui est le leur, les champions en titre dictaient leur loi aux Pays-Bas et c’est presque logiquement – mais de façon injuste – qu’ils ouvraient le score sur un penalty transformé par Xabi Alonso (27e). La faute de Stefan de Vrij sur l’attaquant Diego Costa – seule réelle nouveauté dans le onze de la Roja avec Azpilicueta au poste de latéral droit – n’était guère évidente mais c’est facile à écrire quand on a le luxe de revoir les actions au ralenti, sous tous les angles.

Avec leur onze remanié aux trois-quarts depuis le dernier Mondial, les Néerlandais semblaient promis à une mort lente quand soudain tout bascula. On approchait de la mi-temps lorsque le latéral gauche Daley Blind – oui, le fils de l’ancien défenseur de l’Ajax Danny Blind – adressait une passe de 40 m plein axe à destination de Robin van Persie. L’attaquant de Manchester United prenait de vitesse Sergio Ramos et Gérard Piqué pour réaliser un saut de carpe et lober Iker Casillas d’une tête plongeante à 15 m du but (44e). On ne le savait pas encore, mais ce but allait tout changer.

Après la pause, ce que l’on prenait pour un léger accrochage allait se transformer en grand carambolage avec des Oranje qui prenaient maintenant le jeu à leur compte emmenés par un Arjen Robben aux jambes de feu et un Robin van Persie plus renard des surfaces que jamais. Après le coup de semonce de la fin de 1ère mi-temps, c’est un déluge qui s’abattait sur la sélection espagnole. Rassérénés par leur égalisation d’avant la pause, les Néerlandais prenaient le contrôle du match et c’est encore d’un ballon de Blind que jaillissait l’étincelle : service pour Robben qui se jouait de la paire Ramos-Piqué pour tromper Casillas du gauche, 2-1 pour les Pays-Bas (54e).

Résurrection et fin de cycle ?

Dès lors, les hommes de Louis Van Gaal réalisait un véritable festival face à des Espagnols aux abois et complètement dépassés physiquement. Van Persie tirait sur la barre mais n’avait pas le temps de s’en vouloir puisque, quelques instants plus tard, de Vrij se trouvait à la réception d’un coup franc frappé par Wesley Sneijder pour battre Casillas au deuxième poteau et inscrire le but du 3-1 (64e). Le gardien du Real Madrid y allait ensuite de sa boulette pour offrir le but du 4-1 à Van Persie (73e) avant qu’Arjen Robben ne signe à son tour un doublé au terme d’un de ces raids solitaires dont il a le secret, mettant dans le vent au passage toute l’arrière-garde ibère (80e). À 5-1, le score aurait pu enfler encore mais on en restait là, avec l’impression d’avoir vécu un moment rare : la résurrection d’une équipe et l’enterrement d’une autre, le tout assorti d’une farandole de beaux buts.

Il est certes encore bien tôt pour annoncer la fin du cycle espagnol, d’autant qu’ils ne sont que trois (Casillas, Xavi et Xabi Alonso) à compter plus de 30 ans au compteur. Mais les Espagnols sont d’ores et déjà au pied du mur et il leur faut retrouver leurs esprits avant le choc face au Chili mercredi prochain au Maracana de Rio, un Chili dont ils avaient eu toutes les peines du monde à se débarrasser il y a quatre ans en Afrique du sud en phase de groupe (2-1). Côté néerlandais en revanche, tout baigne. Les Pays-Bas ont toujours passé le 1er tour en neuf Coupes du monde disputées et la série est bien partie pour se poursuivre. Les Australiens ne semblent en effet pas véritablement équipés pour trop les contrarier, dans cinq jours, à Porto Alegre.
 

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