Alain Giresse : « Il y aura des choix à faire »

Sélectionneur du Sénégal depuis plus de deux mois, Alain Giresse s’apprête enfin à vivre son premier match officiel sur le banc des Lions de la Teranga, contre l’Angola ce samedi 23 mars 2013. Une rencontre des éliminatoires du Mondial 2014 officiellement à domicile mais déplacée à Conakry suite à la suspension du stade de Dakar. Déjà sur place, le Français nous livre ses impressions avant ce rendez-vous important.

Propos recueillis par Eric Mamruth

RFI : Un match à domicile à Conakry, c’est un peu particulier. Comment ça se présente ?

Alain Giresse : On sait qu’il n’y a pas d’autre possibilité que de jouer ce match à domicile… à l’extérieur. L’accueil est là. Les installations, c’est le stade de Conakry, la pelouse est correcte, nous sommes bien installés. Nous nous adaptons à ces conditions.

C’est mieux ou moins bien que ce que vous espériez ?

A partir du moment où on n’est pas chez nous, il y a toujours des ajustements à faire dans le mode de fonctionnement. Nous avons des conditions hôtelières tout à fait normales et correctes. Après ça ne sert à rien de disserter sur quelque chose qui est un fait acquis.

A quel point allez-vous jouer ce match à l’extérieur ? Y aura-t-il du public sénégalais malgré tout ?

On parle d’extérieur mais on n’aura pas un public opposé, et il y a la communauté sénégalaise qui est ici en Guinée. Quelle va être le mouvement des supporters depuis le Sénégal ? Je l’ignore encore.

Depuis votre arrivée à la tête des Lions, quel a été votre chantier principal ?

C’était d’abord de plonger rapidement dans tout ce qui fait une organisation. Organiser mon staff, répertorier tous les joueurs, définir une liste pour le premier match amical, trouver les joueurs, se rencontrer, se découvrir, dire comment je souhaite qu’on fonctionne. Maintenant on est passé à un autre stade avec un match officiel. Il faut progressivement développer tous ces éléments nécessaires au bon fonctionnement.

Vous avez entrepris beaucoup d’entretiens avec l’équipe. Eux-mêmes avaient envie de parler ? Ils avaient beaucoup de choses à exprimer ?

Il est nécessaire de fixer les règles. Ils ont un nouvel entraîneur, ils doivent savoir ce que j’attends d’eux. Ce sont des échanges tout à fait normaux pour établir des bases de fonctionnement dans le cadre du travail à accomplir.

Et le courant passe bien ?

Je ne demande pas à chacun ce qu’il pense de moi. Le ressenti réel, je ne peux pas le deviner. On fait surtout en sorte que ça se vérifie dans l’état d’esprit, que la dynamique de l’équipe nationale soit là. Que les joueurs soient à l’aise, dans les bonnes conditions pour se préparer.

Il y avait beaucoup de choses à changer au niveau de l’état d’esprit ?

Pour le savoir, il aurait fallu que je sache comment c’était avant, et ce n’est pas ma préoccupation. Je suis là pour appliquer des choses qui me paraissent évidentes dans le fonctionnement d’une équipe. Une équipe nationale, c’est d’abord un investissement de la part des joueurs, c’est se plonger dans les objectifs à atteindre avec une organisation de travail. Ce sont des ingrédients qui me semblent nécessaires, que ce soit au Sénégal ou dans n’importe quelle équipe nationale.

La sélection sénégalaise compte beaucoup d’attaquants de grand talent. Comment faites-vous avec cette mine d’or ?

Je ne peux pas aligner tous ces joueurs, malheureusement. Une équipe, c’est un équilibre entre la partie offensive, la zone médiane et la partie défensive. Il y aura des choix à faire, qui seront malheureux mais obligatoires.

La défense aussi est l’un des « chantiers ». Vous avez lancé contre la Guinée un duo Bayal Sall-Lamine Sané. C’est la charnière sur laquelle vous voulez vous appuyer maintenant ?

On verra, je ne vais pas dévoiler l’équipe comme ça. Il y a aussi beaucoup de défenseurs centraux de qualité, on se trouve à peu de choses près dans la même situation que pour les attaquants. Et on ne peut pas avoir une défense avec que des défenseurs centraux. Il faut aussi des gens sur les côtés, où il y a quand même moins de réserve. Que ce soit sur le plan défensif ou offensif, il y a moins de joueurs sur les extérieurs qu’à l’intérieur.

Que doit-on penser de la valeur de l’équipe angolaise ?

Je ne vais pas évoquer publiquement ce que je pense de l’adversaire. J’ai observé, j’ai analysé, j’ai découvert les joueurs, et en fonction des joueurs alignés, j’aurai des repères pour évoquer cela avec les joueurs sénégalais.

Il y a la possibilité de faire quelque chose de vraiment bien dans ces éliminatoires avec l’équipe du Sénégal ?

Se focaliser sur ce match-là est suffisant, après il sera toujours temps de voir pour le reste des qualifications. Même si les perspectives sont fatalement liées à ce résultat.

Personnellement, comment abordez-vous ce premier match officiel avec le Sénégal ?

Ça rentre dans le cadre des autres matches que j’ai pu faire avec les autres sélections. Je crois que l’émotion d’un match officiel reste la même, que ce soit le premier ou pas. On espère que tout a été fait pour réussir à gagner. Je suis toujours dans la même approche face à ce genre de match. Il n’y a pas de méthode particulière. J’ai travaillé dans deux pays (en Afrique, ndlr) où ça s’est bien passé. J’espère qu’avec celui-ci ça se passera bien aussi.

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