La justice égyptienne jugera les coupables de l’un des pires épisodes de l’histoire du football. Ce 15 mars, soit un mois et demi après la tragédie, le procureur général d'Egypte a annoncé que 75 personnes sont inculpées sur des preuves étayées par des images vidéo et par des aveux de certaines personnes mises en cause. Le 2 février, à Port-Saïd, une terrible bousculade au stade avait entraîné la mort de 74 personnes qui assistaient à un match de football entre le club de Port-Saïd, Al Masry et le club du Caire Al Ahli. La plupart des victimes avaient été piétinées sans pouvoir quitter le stade dont les portes sont restées verrouillées. Le drame aurait pu être encore plus lourd car on a dénombré un millier de blessés. D’autres morts avaient suivi au Caire où 16 personnes ont perdu la vie alors qu’ils protestaient devant le ministère de l'Intérieur contre la tragédie de Port-Saïd.
Une enquête parlementaire avait pointé des policiers
Dès le lendemain de la tragédie des rumeurs ont couru sur une possible complicité de la police. Les forces de l’ordre ne seraient pas intervenues afin de laisser les supporters cairotes d’Al Ahli sans défense pour les punir d’avoir participé à la chute du régime de Hosni Moubarak. Mais au-delà des rumeurs, une enquête parlementaire a révélé la négligence coupable de la police. La mort des manifestants semble avoir été prévue et préparée à l'avance, car les responsables disposaient de moyens pour tuer, tels que des couteaux, des pierres et des explosifs qu’ils ont pu faire entrer dans le stade sans avoir été fouillés. Selon l’enquête parlementaire, les forces de l’ordre avaient sous-estimé la possibilité d'affrontements dans le stade de Port-Saïd. Résultat : dans la liste annoncée des 75 personnes qui seront jugées, figurent 9 policiers. Parmi ceux – ci, on retrouve même le chef de la sécurité de la ville de Port-Saïd au moment des faits, le général Issam Samak qui a été suspendu depuis. Trois responsables du club hôte d'Al Masry vont aussi être jugés.