Inde: les réseaux sociaux en débat

En Inde, plusieurs incidents assez graves impliquant des adolescents ont surgi à partir de la publication de messages sur les réseaux sociaux. Ce qui commence à effrayer les parents et les autorités, peu préparés à ces nouvelles technologies. Et lance un débat sur les limites à imposer à l'accès à ces réseaux pour les mineurs.

Avec notre correspondant à Bombay,

Depuis quelques mois, les réseaux sociaux défraient la chronique en Inde. Récemment, un garçon a passé un de ses camarades à tabac quand ce dernier a pris une photo de lui, complètement ivre, l'a retouchée et l'a postée sur Facebook. Plus grave, il y a quelque temps, une étudiante de 18 ans s'est suicidée après avoir découvert que des garçons avaient créé un profil d'elle sur le réseau social, où elle était décrite comme une fille facile.

Si l’Europe est familière de ces faits divers, ils sont assez nouveaux en Inde où moins d’un habitant sur dix a un accès à internet. Mais la révolution créée par les smartphones est en train de changer la donne, surtout depuis que des fabricants indiens et chinois en vendent pour environ 30 euros pièce. Aujourd'hui, près de 80 millions d'Indiens ont un compte Facebook, et un million de nouveaux profils sont créés chaque mois dans le pays. Les plus grands utilisateurs sont bien sûr ces nouvelles générations d'étudiants urbains, qui, selon un sondage, passent deux fois plus de temps à communiquer par chats que par téléphone.

Quelles solutions ?

Ce changement soudain déstabilise les adultes qui ont du mal à suivre. Les parents n'ont souvent pas les capacités de contrôler ce que leurs enfants mettent sur les réseaux sociaux, photos ou vidéos, ou avec qui ils parlent. Or, le contrôle parental est justement le plus important. Face à cette situation, les lycées tentent de les suppléer. Plusieurs d’entre eux ont interdit l'accès de Facebook dans les ordinateurs de leurs établissements. Une mesure qui devrait cependant n’avoir que peu d’effets, puisque les adolescents peuvent se connecter sur leur téléphone ou chez eux.

A l'heure actuelle, en Inde comme dans le monde entier, Facebook autorise toute personne de plus de 13 ans à créer un profil. Mais un homme politique indien a demandé à la justice d'interdire l'accès à ce réseau aux moins de 18 ans, prétextant que, selon la loi indienne, un mineur n'est pas en mesure de passer de contrat, comme cela est demandé par Facebook en ouvrant un compte.

Au lieu de bannir totalement ces adolescents, ce qui semble impossible, les experts réclament la création d'une commission de protection des internautes, à l’image de la Commission nationale de l'informatique et des libertés, en France. Cet organe pourrait forcer Facebook et les autres réseaux à mettre en place des mesures précises pour défendre les mineurs indiens sur la toile, en créant des filtres pour empêcher les adultes de les trouver ou en limitant leur accès à certains contenus. Un projet de loi, dans ce sens, est en préparation par le gouvernement.

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