Comment parlaient nos ancêtres, nos très lointains aïeux ? C’est une question qui fascine autant les chercheurs que tout un chacun. Et y répondre n’est pas une mince affaire, d’autant que cette quête nous plonge à quelques millénaires de notre époque, il y a entre 6 000 et 4 000 ans. Le magazine Archeology dans son dernier numéro retrace ainsi des décennies de recherches qui viennent d’aboutir à ce résultat fascinant, un enregistrement qui nous restitue la langue que devaient parler les hommes préhistoriques.
C’est un chercheur en linguistique de l’université du Kentucky (Etats-Unis) qui, le premier, a osé faire un enregistrement sonore de qu’il pense être les sonorités qu’utilisaient nos ancêtres pour communiquer. En réalisant ce travail, Andrew Bird s’est placé dans la longue chaîne des savants qui, depuis le milieu du XIXe siècle, ont à l’instar du linguiste allemand August Schleicher reconstruit en partie le système phonétique de la mère de nos langues indo-européennes, le PIE ou proto-indo-européen.
Un aboutissement pour des générations de chercheurs
Mieux, à l’époque, Schleicher a écrit une fable Le Mouton et les Chevaux*,dans laquelle il intègre sous forme de récit, toutes les connaissances accumulées sur le PIE. Au fur et à mesure des nouveaux acquis, son texte est enrichi par plusieurs générations de chercheurs. Evidemment, il n’y a pas unanimité de la communauté scientifique sur ce qui demeure une interprétation. Mais c’est l’aboutissement de multiples travaux qui, de décennie en décennie, ont comparé les langues comme le sanscrit, le latin et le grec pour lesquelles on disposait de traces écrites et phonétiques.
Ayant pu ainsi mettre au jour les différences, les points communs, les évolutions, les sources partagées et les changements les plus fréquents intervenus entre ces langues, les chercheurs en sont arrivés à établir une version « raisonnée » de ce à quoi pouvait ressembler le proto-indo-européen. La fable écrite par August Schleicher est en quelque sorte une application évolutive. Si la version écrite du PIE suscite bien des controverses chez les universitaires, que dire de la version sonore que vient d’oser le linguiste Andrew Bird.
Devançant les critiques, Andrew Bird précise bien qu’il s’agit d’une retranscription, une approximation certes, mais qui résulte des recherches les plus abouties actuellement. Ecoutez cette voix venue du plus profond des âges…