« Un compatriote venant des outre-mer est plus discriminé qu’un compatriote originaire de l’Hexagone » a déclaré sans ambages Dominique Baudis au moment où il signait la convention avec la Déléguée interministérielle pour l’égalité des chances des Français ultramarins, Sophie Elizéon. Le Défenseur des droits a ainsi détaillé les principales difficultés auxquelles se heurtent ces compatriotes.
Les points noirs : emploi, logement, crédit
« Nous sommes le plus souvent sollicités pour des situations aux moments charnières de l’existence : l’arrivée d’étudiants dans l’Hexagone, la recherche du premier emploi et, à l’autre bout, au moment de la retraite avec parfois un retour dans le territoire d’origine » a souligné Dominique Baudis.
A ces moments-là, les Ultramarins se heurtent à des difficultés pour « l’accès à l’emploi, au logement (quand les parents garants sont à des milliers de kilomètres), au crédit (quand une banque n'a pas de succursale dans le territoire) et même aux prestations sociales » avec les ruptures de droits qu'entraînent les changements de situation, a détaillé le Défenseur des droits, estimant que les Ultramarins étaient parfois considérés « comme venant ou repartant à l'étranger ».
Ainsi, a poursuivi Dominique Baudis, « nos compatriotes d'outre-mer pour des raisons d'origine, puis de parcours de vie, sont plus sujets à discriminations que d'autres citoyens et ils en ont une conscience très claire ». Un sondage mené par Opinionway vient le confirmer en montrant que 56% des Ultramarins de l’Hexagone se disent victimes de discriminations ; un chiffre à mettre en regard des 23% de Français en général qui disent en souffrir aussi… Pourtant, remarque Sophie Elizéon, cette différence « ne se retrouve pas nécessairement dans les saisines du Défenseur ».
Est-ce parce que les Français originaires des outre-mer sont fatalistes qu’ils ne saisissent pas systématiquement le Défenseur des droits dans ce cas ? On peut se poser la question quand on constate que selon l’Ined (Institut national d’évolution démographique), seuls 15% des natifs des départements d’outre-mer (DOM) n’ont jamais quitté leur département de naissance ; ils ne sont que 10% aux Antilles.
« Entièrement à part »
Cette immigration s’avère plus souvent subie que choisie tant le taux de chômage est élevé dans ces départements (2 à 3 fois plus que dans l’Hexagone) et la possibilité d’y faire des études supérieures réduite. Pour certains, la discrimination peut alors apparaître comme une contrainte supplémentaire qui ne fait que s’ajouter aux autres. C’est justement ce que voudrait changer la convention qui vient d’être signée pour le bénéfice du million d’Ultramarins résidant en métropole, dont un peu plus de la moitié en région parisienne.
Mieux faire connaître le Défenseur des droits serait déjà un bon point de départ croit savoir la Déléguée interministérielle pour l’égalité des chances des Français ultramarins. « L’idée est de proposer une formation pour des personnes travaillant dans des associations s’adressant au public ultramarin afin de diffuser l’information et enrayer ce réflexe de se tourner vers le ministère des outre-mer ou ma délégation » a expliqué Sophie Elizéon.
La déléguée ne peut que regretter que « ceux et celles qui ont été victimes de discrimination aient davantage le sentiment d’appartenir à leur territoire d’origine qu’à l’ensemble hexagonal. Dans l’espace républicain, insiste-t-elle, c’est inconcevable ». « De toutes les façons, nous sommes des citoyens à part entière et non pas entièrement à part comme on dit à la Réunion, il y a donc lieu de nous saisir de nos droits et d'exercer notre citoyenneté », a fait valoir, Sophie Elizéon, en bonne Réunionnaise qu’elle est.