Grâce à ses 75 millions d’utilisateurs, Spotify a publié une « carte musicale du monde » qui donne un aperçu des goûts musicaux à travers le monde, et plus particulièrement en Europe, en Amérique du Nord et du Sud et en Océanie, car la plateforme suédoise n’est présente ni en Afrique, ni en Russie, et assez peu en Asie.
Une sociologie musicale
En se baladant sur la carte, l’internaute peut ainsi découvrir qu’à Istanbul, le chouchou des utilisateurs de Spotify s’appelle Kenan Dogulu, un chanteur turc qui s’est illustré en 2007 au concours de l’Eurovision.
La carte, « mise à jour automatiquement toutes les deux semaines », peut passer pour un simple gadget. Mais certains, comme le sociologue de la musique Stéphane Dorin, y voient « une carte sociologique des villes ». Il constate qu’ « à New York par exemple, les playlists de Manhattan, du Bronx, du Queens et de Brooklyn reflètent la structuration ethnique et sociale de la ville, qui se traduit par des goûts différents. »
A Manhattan, où le niveau de vie est très élevé, l’indie-pop est surreprésentée, avec des groupes tels que The Bird and the Bee. Tandis que la playlist de Brooklyn, quartier beaucoup moins favorisé, est presque exclusivement composée de rap. Le rap est d’ailleurs présent dans tous les classements, à des niveaux différents, quels que soient le pays ou la langue.
Major Lazer et OMI rayés de la carte
Mais ce qui peut étonner sur cette carte, c’est l’absence ou le très mauvais classement de certains artistes comme Major Lazer ou OMI qui font pourtant un carton en ce moment. Cela s’explique par le fait que Spotify a « établi sa carte en se basant sur les musiques et morceaux qui se distinguent dans chaque ville. »
Si Major Lazer ou OMI sont très écoutés à Lille, Rennes ou Bordeaux, ils sont donc relégués en bas du tableau, au profit d’autres groupes peut-être plus confidentiels, mais plus représentatifs des goûts de la ville.
Ce qui ressort d’ailleurs, c’est l’attachement des pays à leurs artistes nationaux. A Nantes, Paris et Lyon, la rockeuse française Jeanne Added arrive à chaque fois dans le top 5. Mais la palme du chauvinisme revient à Marseille, où les rappeurs locaux comme Soprano règnent sur les vingt premières places.