Des lecteurs vidéo chinois pour contourner la censure nord-coréenne

Regarder discrètement des films et des feuilletons étrangers en toute sécurité est désormais possible en Corée du Nord. Fabriqués en Chine, les notels sont des petits lecteurs portables de vidéos numériques qui se vendent comme des petits pains en Corée du Nord où internet est interdit.

Voir un film étranger, notamment sud-coréen, est sévèrement puni par les autorités qui tentent à tout prix de couper leur population de tout contact avec le monde extérieur. Dans le passé, de nombreux Nord-Coréens ont été envoyés dans les camps pour avoir regardé des DVD étrangers. Mais aujourd’hui, ce sont des clés USB ou des cartes SD remplies à ras-bord de films américains, de e-books, d’émissions de télé et de feuilletons sud-coréens qui sont introduits clandestinement, et qui s’arrachent ensuite sur le marché noir nord-coréen.

Plusieurs associations de Nord-Coréens exilés au Sud envoient même ces vidéos au Nord par divers moyens ; leur objectif avoué est de faire tomber le régime. Ils estiment que ces films étrangers ont un immense pouvoir subversif auprès de Nord-Coréens endoctrinés dès la naissance, et à qui la propagande fait croire que leurs dictateurs sont des génies dédiés au bien-être de leur population.

Des notels petits, qui se cachent facilement

Notel, c’est un néologisme nord-coréen, la contraction des mots notebook, ordinateur portable, et télévision. Ce sont de petits lecteurs portables de vidéos numériques, fabriqués en Chine. Selon un récent article de l’agence Reuters, leurs avantages dans un pays aussi répressif que la Corée du Nord sont nombreux : ils sont petits et se cachent facilement. Il est possible d’y brancher une carte USB ou une carte SD encore plus facile à cacher.

Ils fonctionnent sur batterie, ce qui est non négligeable dans un pays où les coupures d’électricités sont quotidiennes et où avoir un DVD sud-coréen coincé dans son lecteur à cause d’une coupure peut valoir de très graves ennuis s’il est découvert par la police.

Les notels sont importés depuis la Chine, soit légalement, soit via les réseaux de contrebande, et se vendent à partir de 50 euros pièce. Depuis l’année dernière, leur possession est autorisée par le régime, qui oblige cependant leurs propriétaires à s’enregistrer.

Pourquoi le régime autorise-t-il ces notels ?

En théorie, ces appareils ne doivent servir qu’à visionner de la propagande nord-coréenne. Le régime autorise sans doute ces lecteurs portables de vidéos numériques pour faire croire à une modernité. Selon des ONG de réfugiés, la répression contre ceux qui importent illégalement des films étrangers s’est aggravée. Ces organisations affirment que des marchands ont récemment été exécutés pour avoir importé des vidéos illégales.

Et cette année, le régime a renforcé sa surveillance de la frontière, pour tenter d’endiguer ce flot de vidéos interdites. Un combat pourtant rendu encore plus difficile avec la popularité grandissante de ces notels.

 

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