C’est peut-être à une revolución du Web que nous assistons sur « l’île des déconnectés », ainsi nommée par la dissidente Yoani Sanchez sur son blog Generacion Y. La cyber-militante a salué sur Twitter l’annonce de la normalisation des relations entre les Etats-Unis et Cuba et l’ouverture des « salles de navigation » garanties sans surveillance par l’Etat.
« Il faut occuper ces petits espaces de liberté, en dépit du prix et de la formalité du contrat », écrit-elle, estimant toutefois qu’il est trop tôt pour sortir les « drapeaux de la victoire » et fêter l’Internet libre et sans censure dont elle rêvait pour Cuba. « Je veux créer un média libre à Cuba, c’est l’objectif principal, explique Yoani Sanchez. Je veux pouvoir agir comme une personne libre, pouvoir me connecter à Internet sans censure, sans pages bloquées et sans des fonctionnaires regardant par-dessus mon épaule pour voir quelles pages j’ouvre. »
La plupart des Cubains ignorent l’existence du blog mondialement connu de Yoani Sanchez, y compris dans les fameuses « salles de navigation » qui ont été mises en place par les autorités du pays. Car ces lieux de « surf » restent inaccessibles à la majorité des particuliers dont le salaire moyen mensuel n’excède pas les 19 dollars. Ces « salles de navigation », qui affichent un prix de connexion de 5 dollars de l'heure, en réservant la moitié de cette somme pour consulter ses courriels, sont en fait très peu fréquentées.
Vers un Internet sans censure ?
Par ailleurs, depuis vingt ans, les autorités de l’île ont limité l’utilisation d’Internet à un « usage social » uniquement réservé aux institutions, aux universités et à certaines professions, comme les médecins ou les journalistes. Pendant toutes ces années, les autorités sont restées très sensibles aux tentatives de « subversion » orchestrées, selon elles, depuis les Etats-Unis, via les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter, n'hésitant pas ainsi à censurer les blogs des dissidents.
A cause de problèmes techniques, jusqu’en 2011, l'île de Cuba était connectée à la Toile uniquement par satellite jusqu'à l'arrivée d'un câble sous-marin fourni par le Venezuela. Le Web cubain restait sous-alimenté mais suite aux déclarations de Barack Obama et Raul Castro, mercredi 17 décembre, le temps des connexions faméliques est révolu avec l’annonce de la levée des restrictions imposées par les Etats-Unis concernant les technologies télécoms. De nombreuses entreprises américaines proposent déjà leurs services pour bâtir rapidement un réseau à grande vitesse qui mettra fin au blocus du Net de « l’île des déconnectés ». Un Internet cubain où il fera bon surfer, sans contrôle, ni censure.