Haïti: les funérailles nationales de «Bébé Doc» révoltaient la Toile

Sur les réseaux sociaux, c’était la consternation. Le gouvernement haïtien avait annoncé, lundi 6 octobre, les funérailles nationales de l'ancien dictateur Jean-Claude Duvalier, surnommé « Bébé Doc », qui a succombé à une crise cardiaque samedi 4 octobre, à l'âge de 63 ans. Mais cette annonce a été contredite aujourd'hui et selon son avocat, il n'y aura pas de funérailles officielles.

Mise à jour : Il n'y aura pas de funérailles officielles pour l'ex-dictateur Jean-Claude Duvalier

Le régime de terreur, soutenu par la milice des « Tonton Macoute », de ce « président à vie » autoproclamé, a duré quatorze ans en Haïti, avant que Jean-Claude Duvalier ne soit renversé en 1986. Après 25 ans d’exil en France, il était revenu au pays. Ses victimes avaient obtenu, en février dernier, qu’il soit jugé pour « crimes contre l'humanité ». Il échappe à la justice terrassé par un infarctus, samedi dernier.

Dès l’annonce de la mort de Jean-Claude Duvalier, le président haïtien Michel Martelly a utilisé le mot-clef #JeanClaudeDuvalier pour présenter ses condoléances à la famille du dictateur « et à la nation tout entière en cette triste circonstance ». Sur Twitter, le président ajoute : « en dépit de nos querelles et nos divergences, saluons le départ d’un authentique fils d’Haïti » et « l’amour et la réconciliation doivent toujours vaincre nos querelles intestines ».

Les premières réactions sur Twitter ne se font alors pas attendre. « Bébé Doc est décédé sans souffrance, contrairement à toutes ses victimes », lâche un internaute. Un autre écrit : « Une dictature sanglante est comparée à un problème de querelles intestines ».

La diaspora haïtienne sidérée

Le porte-parole de la présidence a annoncé, lundi 6 octobre, que le gouvernement avait décidé d’organiser des funérailles nationales de Jean-Claude Duvalier. « C'est ce que le protocole exige, car c'est un ancien chef d'État », a-t-il précisé. Immédiatement, la Toile s’embrase. « Des funérailles nationales pour Duvalier, les bras m’en tombent », résume un internaute.

Sur les réseaux sociaux, la diaspora haïtienne est sidérée. « Sur le plan moral, il n'a pas droit à des funérailles nationales. C'était un dictateur qui a causé beaucoup de tort au pays », s’indigne Evans Paul, ancien maire de Port-au-Prince et opposant politique.

L’écrivain Lyonel Trouillot a publié un texte dans la presse en ligne dans lequel il s'indigne : « Un communiqué qui pleure "un Haïtien authentique" suggère une nostalgie irrespectueuse de la mémoire des victimes de la fureur duvaliériste. » D’autres trouvent « regrettable qu’il soit mort dans son lit, avant qu’il ne soit jugé ».

Une pétition circule en quatre langues sur le site change.org, depuis mercredi 8 octobre, pour que le gouvernement abandonne l’idée d’un enterrement national. Son intitulé s’adresse directement au président Michel Martelly : « Respectez la mémoire et la dignité du peuple haïtien. » Cette polémique qui enfle sur la Toile embarrasse le gouvernement haïtien, à la veille d’élections législatives et municipales organisées avec plus de trois ans de retard. Un nouveau séisme, politique cette fois, menace peut-être Haïti.

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