WildLeaks ou la dénonciation du braconnage sur internet

S'inspirant du modèle de WikiLeaks, WildLeaks permet à tout un chacun de signaler, en ligne, des activités de braconnage dans son pays. L'objectif de ce site internet est de démasquer les acteurs clés de ces trafics, bien souvent des groupes armés. Pour Interpol, le trafic d'espèces menacées est bien plus lucratif que celui de la drogue ou des armes.

WildLeaks vient de l'anglais wild qui veut dire sauvage. Et de leak, qui veut dire fuite ou divulguer. Le site n'existe que depuis le mois de février et les premiers résultats sont encourageants. Sur cette période d'essai, 24 dénonciations ont été enregistrées, concernant par exemple le braconnage d'éléphants et le commerce d'ivoire vers Hong Kong, le braconnage de tigres de Sumatra (il ne reste que 400 spécimens dans le monde), la chasse illégale de lions et de léopards en Afrique du Sud, ou encore le trafic de chimpanzés au Liberia.

Le WikiLeaks de la faune et de la flore

Le site WildLeaks est disponible en 16 langues différentes et chacun peut signaler des crimes sur la faune, mais aussi sur la flore, car la plateforme se veut aussi un moyen de lutte contre la déforestation. A la manière de WikiLeaks, WildLeaks est un appel aux lanceurs d'alerte mais dans le domaine de la protection de la nature. Les braconniers peuvent appartenir à des organisations criminelles élaborées, avec des relais parmi les autorités. Selon Interpol, le trafic d'espèces menacées est le plus lucratif au monde après la drogue et les armes. Il génèrerait 7 à 15 milliards d'euros par an. WildLeaks propose divers degrés de confidentialité en fonction du risque d'être pisté par des trafiquants, grâce au logiciel gratuit Tor. Tor, c'est un réseau mondial qui permet de rendre anonymes les connexions sur internet en brouillant l'origine des ordinateurs des informateurs. Une fois connectés,  ils soumettent leurs informations sur d'éventuels trafics. Informations ensuite vérifiées par une équipe d'experts en droit et en sécurité.

Lanceur d'alerte en environnement

Le site revendique avoir entammé 3 actions en justice depuis son lancement. Cela peut paraître peu mais le créateur de WildLeaks, Andrea Costa, consultant en sécurité et directeur de l'Elephant Action League, rappelle que les enquêtes prennent du temps. Il parle en connaissance de cause. Il y a 2 ans, il avait révélé que les islamistes somaliens shebab se finançaient notamment par le trafic d'ivoire. Il avait mis 1 an et demi pour prouver que des tonnes d'ivoire et des milliers de dollars de profits circulaient en Somalie chaque mois dans les mains des rebelles. Et puis, l'objectif de WildLeaks est davantage de démasquer les acteurs clés de ces trafics que de piéger les petites mains. Et cela prend du temps.

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