Airbnb, de la plate-forme à l’hospitalité

Airbnb, à l’origine une plate-forme de partage de locations meublées, prend une ampleur internationale et modifie les habitudes touristiques. Le site, qui envisagerait une levée de fonds en bourse pour amorcer un nouveau virage économique, s’est réjoui dernièrement de l’arrivée d’un directeur hospitalité pour gagner en confiance auprès de ses utilisateurs.

La plate-forme Airbnb, Air bed and breakfast, a été fondée en novembre 2008 par Brian Chesky, Joe Gebbia et Nathan Blecharczyk. Les fondateurs racontent qu’en 2007, alors qu’ils habitaient à San Francisco en Californie, un congrès de design de premier plan s’organisait dans leur ville et toutes les chambres d’hôtel avaient été réservées. Ils ont alors décidé de proposer leur logement, avec petit déjeuner et accueil local, à quelques étrangers assistant à l’événement. Succès ! Depuis, la plate-forme de partage de location meublée fait un tabac un peu partout dans le monde.

Plus de 11 millions de voyageurs

C’est dans très exactement 34 000 villes et 192 pays qu’Airbnb offre ses services, du moins que des hôtes accueillants proposent à la location via Airbnb une pièce, un lit, un loft, une villa voire une cabane… Plus de 11 millions de voyageurs ont profité de ces 600 000 logements lors de leurs déplacements. En 2011, la moitié était des Américains, aujourd’hui 70% sont d’une autre nationalité. La France est devenue le deuxième pays utilisateur après les Etats-Unis.

« Airbnb permet de vivre comme un " local " »

Selon Nicolas Ferrary, directeur France Airbnb, « les gens ont envie de voyager de manière différente pour redécouvrir le voyage. Ils voyagent plus souvent, plus régulièrement et pour des durées moins longues. Ils ont envie de découvrir les destinations ou régions avec l’œil d’un local. Airbnb permet de vivre comme un " local " cette expérience-là, en ayant les conseils du quartier, les bons restaurants… »

« Faire en sorte que les voyageurs aient la meilleure expérience possible pendant leur voyage  »

Le magazine Fastcompany mettait en avant dernièrement la réelle force du concept d’Airbnb, chiffres à l’appui : près de 550 000 nuitées enregistrées quand le premier groupe hôtelier en offre 686 873, Airbnb serait donc devenu la 5e chaîne hôtelière selon ce magazine, sans posséder une seule des chambres, il est vrai… Est-ce pour cela que le fondateur Brian Chesky se réjouissait dans cet article de l’arrivée d’un directeur hospitalité, Chip Conley, dans son entreprise ? Chip Conley est un Monsieur au passé très convaincant dans l’hôtellerie (créateur des boutiques-hotels Joie de vivre) qui souhaiterait voir Airbnb évoluer vers un service de qualité, voire quasi hôtelier… Nicolas Ferrary explique : « Il y a peu de société dans le monde qui ont un directeur hospitalité. Le rôle de Chip Conley sera de développer l’hospitalité et de faire en sorte que les voyageurs aient la meilleure expérience possible pendant leur voyage. »

Pour l’instant, le site de locations d’appartements de particuliers à particuliers Airbnb serait en discussions avancées pour une importante levée des fonds. Une opération qui pourrait le valoriser à 10 milliards de dollars, selon le Wall Street Journal. Airbnb vaudrait alors plus cher en Bourse que des groupes hôteliers comme Wyndham Worldwide ou encore Hyatt Hotels Corporation.

Airbnb éveille la méfiance des autorités

Mais la popularité de la start-up californienne demeure mal vue par le secteur hôtelier traditionnel qui n’apprécie guère cette nouvelle forme de concurrence. Airbnb éveille aussi la méfiance des autorités, notamment en France et aux Etats-Unis. A San Francisco, une démarche pilote va dans le sens du prélèvement d’une taxe de séjour au profit de la ville. En France, des députés souhaiteraient proposer d’encadrer les sites internet offrant des locations meublées touristiques comme Airbnb en les obligeant à obtenir des propriétaires un document administratif avant de louer. Même si, selon Nicolas Ferrary, « il y a une clarification de la loi et de la pratique depuis la loi Duflot. »

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