La fièvre bitcoin mal vue en Chine

On a appris cette semaine que le cours de la crypto-monnaie, le bitcoin, a dégringolé du fait d’une décision bancaire chinoise. La monnaie virtuelle continue d’intriguer et de provoquer des secousses économiques étonnantes.

Cette crypto-monnaie est émise à partir de codes informatiques complexes. Elle peut être stockée dans des portefeuilles électroniques et échangée de gré à gré via des plateformes sur internet contre des devises réelles, sans passer par le système bancaire. Alors que Pékin a toujours conservé un strict contrôle sur les échanges de devises, la Banque centrale a lancé plusieurs mises en garde ces dernières années contre les monnaies virtuelles.

Et c’est mercredi que BTC China, première plateforme mondiale de transactions de la monnaie  électronique, a annoncé qu’elle cessait d’accepter tout nouveau dépôt en yuans par ses usagers sur leurs portefeuilles électroniques, en raison de « nouveaux règlements gouvernementaux » non spécifiés. Cette décision a provoqué une panique des spéculateurs chinois et un plongeon du cours de la monnaie virtuelle sur la plateforme. Cependant, « nous restons opérationnels, et nous continuons les échanges », les usagers pouvant toujours vendre ou acheter des bitcoins ou bien retirer des yuans, a expliqué mercredi soir à l’AFP Bobby Lee, patron de BTC China. Le chaud et le froid bancaire chinois ont donc été soufflés sur cette crypto-monnaie souvent énigmatique.

Une mise en garde contre l’utilisation des monnaies virtuelles

Le bitcoin a été inventé en 2009 dans le sillage de la crise financière par un informaticien qui souhaitait créer une monnaie ne dépendant d’aucune banque centrale ou institution financière. Cette monnaie virtuelle peut être échangée en ligne contre des devises officielles (euro, dollar, yen ou autre) ou utilisée pour des achats, sans risque de manipulation par les banques centrales et sans frais bancaires, vantent ses partisans. Ses détracteurs dénoncent son usage pour des activités criminelles comme le blanchiment d’argent sale.

Il y a une semaine, c’est l’Autorité bancaire européenne (EBA) qui a mis en garde contre l’utilisation des monnaies virtuelles, comme le bitcoin. Selon cette dernière, ces monnaies peuvent conduire les utilisateurs à perdre leur argent sans espoir de le récupérer. Les utilisateurs ne sont pour l’heure pas protégés par les autorités lorsqu’ils utilisent ces monnaies et risquent tout simplement de perdre leur mise, a souligné l’agence basée à Londres dans un communiqué.

Une valeur multipliée par 92 en onze mois

Ce jeudi, le cours de la monnaie virtuelle bitcoin s’est repris sensiblement après avoir plongé de près de 50 % la veille. Sur BTC China, première plateforme mondiale de transactions de la monnaie électronique, le bitcoin s’échangeait à 2 960 yuans (484 dollars) jeudi vers 08h00 TU, après être descendu mercredi jusqu’à 2 011 yuans (329 dollars). En dépit de ce rebond, le prix du bitcoin en yuans restait très en-deçà des cours pratiqués à l’étranger. Au même moment, sur la plateforme japonaise Mt. Gox, le bitcoin s’échangeait à 608 dollars, et il valait 572 dollars sur la plateforme BitStamp basée à Londres.

Signe de la fièvre spéculatrice dans le pays, le cours du bitcoin en yuans sur BTC China a explosé cette année, passant de 82,29 yuans (9,80 euros) au 1er janvier à un sommet de 7 588,88 yuans le 30 novembre (904 euros)... voyant ainsi sa valeur multipliée par 92 en onze mois. Ce n’est pas la première fois que la crypto-monnaie connaît un mini-krach: en avril, le cours du bitcoin s’était effondré de 80 % en deux jours, avant de rebondir et de reprendre son envol à un rythme décuplé.

 

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