Recommander un resto en ligne: une faim de… clics !

Les usages d’Internet conduisent régulièrement les internautes à noter, voter ou recommander leur table préférée, que ce soit sur les réseaux sociaux ou sur des sites spécialisés. La pratique n’est pas nouvelle bien sûr, mais elle implique de nouveaux comportements dans les usages - géolocalisation, recommandation... C’est aussi l’ensemble de ses données qui, proches de la publicité, ouvrent l’appétit des mastodontes d’Internet comme Facebook, Google ou Twitter, avides de tout savoir sur vos habitudes culinaires et autres.

La gastronomie s’est installée depuis longtemps à la table des réseaux sociaux. Peut-on aller dîner dans un restaurant sans avoir vérifié sa cote sur Internet ou sur une application spécialisée ? C’est de plus en rare. Le bouche à oreille qui fait le succès des bonnes tables restent un facteur clé, mais nombreux sont maintenant les établissements à profiter ou dépendre des outils de recommandation disponibles sur les sites internet ou les applications dédiées.

De nouveaux outils qui provoquent de nouveaux comportements. On utilise son outil de géolocalisation pour repérer le lieu du dîner, puis via une application comme Foursquare, par exemple, on consulte les avis qui flattent ou rejettent l’établissement. Et à l’heure de l’Internet participatif, les conversations autour des meilleures tables sont forcément nombreuses.

« Filtrer sur Facebook les avis d’amis concernant un restaurant »

Cédric Giorgi, fondateur de Cookening, explique « les recommandations positives ne prendront pas la place d’une critique gastronomique » mais on peut par exemple, au moment de la recherche d’un restaurant, « filtrer sur Facebook les avis d’amis concernant un restaurant, qui auront forcément plus de poids qu’une recommandation sur La Fourchette ». Ce sont ces nouveaux outils, explique-t-il, « qui permettront à terme via le Facebook Graph Search de connaître les avis sur un restaurant de la part de tous ses amis ». Facebook Graph Search est le nouveau moteur de recherche intuitif de Facebook qui permettra des recherches très précises concernant les informations disponibles sur le réseau social. Cet outil n’est pas encore véritablement déployé en Europe et le sera prochainement.

« Les réseaux sociaux forcent à développer une nouvelle relation client »

Des données qui peuvent s’avérer être un miroir déformant. C’est le Huffington post qui l’a révélé : le 3e meilleur restaurant parisien cet été sur TripAdvisor était une pâtisserie spécialisée dans les gâteaux américains : les cupcakes. Il faut dire que cet établissement recommandait fortement à ses clients l’usage de TripAdvisor pour noter l’excellence de leur pâtisserie. Efficace mais pas forcément réaliste donc. Toutefois, ils sont devenus rares, les restaurants sans un compte Twitter ou Instagram (pour partager les photos des plats cuisinés). Avec comme nouvelle pratique également qui implique que le restaurant n’est plus sur Facebook pour uniquement recueillir des like, mais aussi pour entretenir sa relation client. « Les réseaux sociaux forcent à développer une nouvelle relation client » explique Cédric Giogi.

Les meilleurs spots à frites

Autre exemple d’initiative de la part des amoureux de la bonne chère qui nourrissent le Web : le site les friteries.com. Dans Aujourd'hui en France, il a été dit à son sujet que « les frites ont leur Michelin ». Car de ce micro-site participatif, à partir duquel il s’agit de noter les baraques à frites ou autres restaurants spécialisés dans les pommes de terre frites, son créateur a réussi, grâce aux participations enthousiastes des amoureux des frites, à constituer une petite bible des meilleurs spots à frites.

De la recommandation à la publicité ?

Un appétit d’avis culinaires qui entretient le débat sur la propriété et l’utilisation de ces données. Comment l’énorme gâteau constitué par ces données est-il partagé entre Facebook, Google, Twitter et autres…? Car ces commentaires valent de l’or en terme publicitaire et les réseaux sociaux sont de très grands prescripteurs. De plus, quand une recherche Google sur un restaurant fait apparaître non seulement l’adresse et le numéro de téléphone, mais aussi des recommandations, voire des établissements à proximité appréciés par vos contacts - dont on peut désormais voir la photo de profil -, on passe de la recommandation à la publicité. L’utilisateur des réseaux sociaux risquerait alors se transformer à son insu en « homme sandwich » selon Olivier Erztscheidt, maitre de conférence en sciences de l’information. Encore de la nourriture ? ;-)
 

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