Lassitude des utilisateurs, difficultés à investir le support mobile, le réseau social Facebook était pourtant présenté, il y a quelques mois, comme un géant en perte de vitesse dans le paysage des réseaux sociaux. Pourtant, Facebook semble prendre un second souffle malgré une politique d’utilisation des données personnelles de plus en plus décriée.
Une stratégie qui porte ses fruits
Une chose est sûre : Facebook se porte bien. Chaque mois en France, 17 millions de personnes se connectent à leur compte depuis leur téléphone mobile. Un chiffre dévoilé pour la première fois par le réseau social, jeudi 5 septembre, et qui traduit la volonté de l’entreprise de Mark Zuckerberg d'investir et développer ses activités dans la dimension mobile.
Si en France le chiffre global de fréquentation du réseau social stagne à 26 millions d’utilisateurs actifs par mois, le groupe californien connaît une popularité grandissante sur le reste du globe. En un an, Facebook annonce avoir conquis 20% d’utilisateurs supplémentaires : le réseau social compte désormais 1,15 milliards d’utilisateurs actifs, soit plus d’une personne sur sept sur Terre.
Cette extension croissante du réseau découle de sa stratégie mobile, pourtant pointée du doigt comme inefficace par la concurrence il y a quelques mois. Dans un rapport rendu public le 25 juillet 2013, le site de Mark Zuckerberg se targuait d’une progression de 50% de son activité sur les écrans mobiles. Désormais, 41% des revenus de Facebook sont issus du mobile. De quoi enchanter Wall Street.
Des conditions d'utilisation modifiées en douce
L’annonce de ces résultats arrive peu après la modification des conditions d’utilisation du site, fin août, notamment en matière d’utilisation des photos des utilisateurs à des fins publicitaires. Régulièrement accusé de reléguer au second plan la protection des données personnelles de ses utilisateurs au profit de son développement économique, Facebook a modifié sa politique d’utilisation des données et sa déclaration des droits et responsabilités.
Une modification que le site explique par sa volonté de «clarifier» les règles prééxistantes. Désormais, le réseau écrit noir sur blanc, dans sa déclaration des droits et responsabilités, que les photos des utilisateurs sont utilisées à des fins publicitaires : « Vous nous autorisez à utiliser vos noms, photos de profil, contenus et informations dans le cadre d’un contenu commercial, sponsorisé ou associé (..) que nous diffusons et améliorons ».
Toute personne possédant un compte Facebook peut ainsi retrouver sa photo de profil dans le cadre d’une publicité sur Internet. Et impossible d’y couper : «Votre utilisation ou votre accès à Facebook indique votre acceptation de cette déclaration». Autrement dit, en se connectant sur le site, l’utilisateur donne son consentement à l’utilisation de ses données à des fins publicitaires.
Les associations de défense des libertés sur Internet montent au créneau
Ce changement des conditions d’utilisation résulte d’une décision de la justice américaine. Le 27 août, Facebook a été condamné à verser 20 millions de dollars à un groupe de plaignants pour avoir utilisé les mentions «J’aime», les noms ou les photos de profil à des fins publicitaires. En modifiant ses statuts, Facebook s’évite ainsi l’exposition à des poursuites judiciaires de cet acabit.
Une modification que n’ont pas tardé à relever six organisations américaines de protection des libertés sur Internet. Inquiétées de ce changement, les associations ont saisi la Federal Trade Commission (FTC), l’agence de protection des consommateurs des Etats-Unis, afin de bloquer les nouvelles règles instaurées par Facebook, notamment celle prévoyant la prise en compte des photos de profils dans son système de reconnaissance faciale et dans sa base de données biométrique.
Si, pour l’heure, Facebook temporise en annonçant un report des nouvelles règles afin «de veiller à ce que les commentaires des utilisateurs soient examinés et pris en considération», le réseau social n’entend pas revenir sa décision. Le basculement vers ces nouvelles règles d’utilisation pourraient être effectif dès la semaine prochaine aux Etats-Unis.