Cette application « anti-fuites » (Mobile Management Device) consiste en un petit programme qui bloque la plupart des fonctions du smartphone : la caméra ne fonctionne plus, l’accès à Internet est interdit, on ne peut plus enregistrer de son… La seule chose qui demeure autorisée est d’envoyer des textos et de téléphoner. Pour les malheureux possesseurs d’iPhone, le contrôle est encore plus drastique : ils ne peuvent que recevoir appels et messages, mais ne peuvent plus en envoyer. Ces fonctions ne sont bloquées qu’à l’intérieur de l’enceinte du ministère et l’application « libère » en quelque sorte le téléphone dès que l’utilisateur s’éloigne du périmètre sécurisé. Si cette application n’est pas installée, les fonctionnaires n’ont pas le droit d’entrer dans leur bureau. Selon le ministère, si l’expérience s’avérait satisfaisante, le petit programme pourrait devenir obligatoire pour tous les militaires du pays !
L’armée a peur des espions
La Corée du Sud a décidé de prendre de telles mesures de protection afin d’éviter les fuites d’informations confidentielles. Des fuites qui peuvent être facilitées par un smartphone connecté en permanence à Internet. L’armée a peur des espions et ses inquiétudes sont aggravées par le fait que la Corée du Nord, le frère ennemi, a orchestré ces dernières années des vagues d’attaques informatiques de plus en plus sophistiquées qui visent les réseaux sud-coréens. La dernière a eu lieu fin juin. Ainsi, on peut imaginer que si un pirate informatique parvenait à prendre le contrôle du smartphone d’un militaire sud-coréen, il pourrait alors récolter de nombreuses informations très sensibles.
Un conflit entre besoin de sécurité et protection de la vie privée
Mais cette application soulève des inquiétudes concernant le respect de la vie privée. Ainsi une partie des fonctionnaires du ministère de la Défense aurait refusé d’installer cette application de sécurité, arguant du fait qu’elle était trop intrusive. Cette question du conflit entre besoin de sécurité et protection de la vie privée risque de se poser avec de plus en plus d’acuité, dans un pays où 70% de la population possède un smartphone.
Dans le secteur privé par exemple, ce genre de programme existe déjà, pour lutter contre l’espionnage industriel. Certaines entreprises sud-coréennes obligent ainsi les visiteurs qui entrent dans leurs centres de recherche avec un ordinateur à installer des programmes de sécurité très intrusifs, qui leur donnent accès à tout le contenu de leur ordinateur !