Avec 90% des requêtes qui passent par lui, le moteur de recherche de Google occupe une place inégalée sur internet. Capable de faire ou défaire une e-réputation si vous cherchez des renseignements sur une personne précise. Mais depuis jeudi 29 mai, les choses ont changé : la firme de Mountain View n’a pas eu d’autre choix que de plier l’échine pour se conformer à une décision de justice européenne sur le droit à l’oubli. En clair, si vous tapez votre nom dans Google et qu’un résultat ne vous plaît pas, il n’y a qu’un formulaire à remplir pour que Google le retire.
Droit à l’oubli ou droit d’informer ?
En pratique, c’est un peu plus compliqué. En effet, cette notion de droit à l’oubli, dont se félicitent les défenseurs du respect de la vie privée sur internet, soulève quelques questions. Google ne peux pas traiter toutes les demandes des internautes automatiquement ; il va donc falloir que des personnes étudient la requête, statuent sur sa pertinence et déterminent si elle n’est pas abusive. Il faudra alors arbitrer entre droit à l’oubli d’une personne et droit d’information du grand public.
Pour ce faire, Google a déjà mis en place un comité, composé notamment de son patron Eric Schmidt, du fondateur de l’encyclopédie participative Wikipédia Jimmy Wales, et de personnalités expertes dans les domaines de la protection des données personnelles ou du respect de la liberté d’expression. Après examen des requêtes, Google prendra la décision d’enlever ou non les résultats incriminés, tout en sachant que ces modifications ne seront visibles qu’en se connectant depuis l’Union européenne, et qu’un message le précisera en haut de la page de résultats.
Une tâche immense
La tâche s’annonce donc ardue, puisqu’un tiers des plaintes déjà déposées relèvent de ce droit à l’oubli, et ce chiffre risque d’exploser avec la mise en ligne de ce formulaire. Et, même si les demandes de retraits doivent être motivées et argumentées par les internautes, elles requièrent de nombreux employés pour les traiter, en coopération avec les agences nationales de protection des données informatiques, comme la CNIL, la Commission informatique et libertés française. Quid, également des « boutons sociaux » ? Ces boutons de partage, comme le « j’aime » de Facebook, ou le « +1 » de Google plus, permettent de relayer une information sur plusieurs réseaux, comme des blogs ou des forums. Cette information se répand donc et l’éradiquer devient alors très complexe.