L'ancien international tricolore Olivier Magne a mal à son rugby

Olivier Magne, un des joueurs français les plus capés du XV tricolore monte au front avec un livre intitulé : J’ai mal à mon rugby. Le rugby tricolore traverse une crise sans précédent et l’équipe de France est au plus mal à quelques mois de la Coupe du monde au Japon.

« Le diagnostic est là et on ne peut pas dire que le rugby français a un simple rhume », annonce d’emblée à RFI Olivier Magne qui a voulu dans son ouvrage dire les choses telles qu’elles sont. D’où l’idée du livre pour répondre à ceux qui se demandent pourquoi l’équipe de France est en crise.  

Une crise d'identité

Olivier Magne pointe avant tout le jeu de l’équipe de France.  « Il était auparavant intuitif, intelligent, fait de prises d’initiatives. Nous avions la capacité de surprendre l’adversaire pour le surpasser et le battre. Nous sommes entrés aujourd’hui dans un rugby uniquement physique promu par la fédération. On se rend compte que pour jouer au rugby, il faut être capable de soutenir l’intensité que réclame le haut niveau, mais aussi de se déplacer et jouer intelligemment pour éviter à chaque fois de rentrer dans un mur », explique le finaliste de la Coupe du monde 1999. Olivier Magne qui est donc en faveur du rugby d'évitement estime que ce sport est devenu de plus en plus violent.

« Je voudrais que les joueurs soient de vrais acteurs du jeu. On assiste à un rugby où le joueur n’est pas forcément porteur du projet. On le déresponsabilise en l’empêchant de prendre le jeu à son compte. Tout cela manque un peu d’imagination », ajoute l'ex-sélectionneur des U20.

Selon Olivier Magne, il n’y a pas qu’un seul élément qui perturbe l’équipe de France. « Il faut un système fédéral fort et ne pas imaginer que les choses vont aller mieux à chaque changement d’entraîneur », avance-t-il. En clair, la fédération est aussi responsable des résultats du XV de France. « Le système doit être plus fort que les hommes pour qu’il puisse perdurer », insiste Olivier Magne.

Garder le capital sympathie du rugby

À l’heure où le rugby français perd des licenciés sauf chez les féminines, Olivier Magne demande à ce que la vitrine du rugby tricolore soit «  belle, avec un jeu attrayant, et des valeurs éthiques importantes ». « Attention il y a danger, il faut être vigilant pour garder ce qui fait la force du rugby, c’est-à-dire ses valeurs d’éducation pour que ce sport garde son capital sympathie », prévient-il.  

Olivier Magne l’assure, le rugby de proximité a aussi son importance. Lui a découvert le ballon ovale à Aurillac avec ses frères. « Le sport associatif permet de véhiculer des valeurs importantes dans la vie sociale. Ensuite, il faut emmener les plus forts vers le haut niveau et laisser s’épanouir les autres dans le sport pour tous. »

L’homme aux cinq tournois des 6 Nations, dont quatre Grands Chelems, voudrait que le rugby rivalise de nouveau avec les grandes nations. Très vigilant, il reste tout de même confiant dans l’avenir de son sport. « Le progrès passera par un consensus entre toutes les parties prenantes, amateurs et professionnels, fédération et Ligue », écrit-il.

Olivier Magne, J'ai mal à mon rugby, Edition Solar

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