Foot et monde arabe, une grande histoire

À Paris, l’Institut du monde arabe propose une exposition autour du football dans le monde arabe jusqu’au 21 juillet 2019. « Foot et monde arabe, la révolution du ballon rond » décrit en 11 tableaux la saga du sport roi au Maghreb et au Moyen-Orient d’un point de vue sportif, historique et politique.

Dans les cours d’école, dans la rue, à la plage ou sur un stade, le football fait partie de la vie quotidienne dans le monde arabe. Pour célébrer le ballon rond, l’Institut du monde arabe propose jusqu’au 21 juillet l’exposition « Foot et monde arabe ».

L’exposition présente 11 histoires de football et du monde arabe. Comme celle de l'équipe du Front national de libération algérien (FLN), l'histoire des ultras lors des printemps arabes, celle du football féminin en Jordanie et Palestine, ou encore celle du foot en Égypte, prochain pays hôte de la Coupe d’Afrique des nations.

Rachid Mekhloufi, défenseur de l’indépendance de l’Algérie

En avril 1958, Rachid Mekhloufi et Mustapha Zitouni, vedettes du Championnat de France, s'envolent pour former l'équipe du FLN et défendre balle au pied l'indépendance algérienne. Au total, une trentaine de joueurs professionnels quittent la France entre 1958 et 1960 en quatre vagues, pour rejoindre Tunis où l’équipe du mouvement indépendantiste s'est installée.

En 1963, une année après la proclamation de l’indépendance de l’Algérie, Rachid Mekloufi retrouvera la France et son championnat avec le maillot de Saint-Étienne sur les épaules. Il quittera les Verts en 1968 après avoir marqué les deux buts de la victoire en finale de la Coupe de France, qui permettra aux Stéphanois d’obtenir leur premier doublé Coupe-Championnat. Le général de Gaulle lui remettra la Coupe en lui disant : « La France, c’est vous. »

Rachid Mekloufi terminera sa carrière de joueur du côté de Bastia. « Cette équipe du FLN m’a apporté ce que tout l’or du monde ne m’aurait pas apporté », a raconté le milieu de terrain. Des années plus tard, le Maghreb est représenté lors des Coupes du monde 1982 et 1986 avec l’Algérien Rabah Madjer ou le Marocain Mustapha El Haddaoui.

À travers l’exposition, on découvre aussi l’histoire du foot en Égypte. La passion des Égyptiens pour le football est énorme. Au pays des Pharaons, le premier club voit le jour en 1907. Il s’agit du célèbre Al-Alhy, qui totalise aujourd’hui 40 titres nationaux et huit Ligues des champions.

Mohamed Aboutrika, un de ses plus célèbres représentants, a joué 356 matches avec le maillot des Diables rouges et remporté cinq Ligues des champions. Le foot égyptien, c’est aussi l’équipe nationale créée en 1920 et qui compte désormais sur Mohamed Salah, devenu à 26 ans l’icône de tout un peuple. Le double meilleur joueur africain sera une des têtes d'affiche de la CAN 2019.

Foot et printemps arabes

Le football a aussi servi de tribune aux contestataires du printemps arabe en Égypte en 2011. Les ultras faisaient partie des manifestants. Depuis, ils sont interdits en Égypte et de nombreux matches se déroulent à huis-clos.

Le bouillant derby du Caire entre Al-Ahly et Zamalek, le 30 mars dernier, s’est joué dans le stade Borg al-Arab, situé à l'ouest d'Alexandrie. D’une capacité de 80 000 places, il n’a ouvert ses portes qu’à une poignée de journalistes et aux membres du personnel des deux clubs.

En février 2012, au moins 74 personnes, pour la plupart des supporters d'Al-Ahly, sont mortes dans des heurts au stade de Port-Saïd après une rencontre entre le club cairote et l'équipe locale d'Al-Masry. Les ultras d'Al-Ahly et de Zamalek ont annoncé l'année dernière leur dissolution.

Les autorités avaient dans la foulée affiché leur volonté de permettre un retour progressif des supporters sur les gradins. Le football a aussi servi de tribune aux contestataires en Tunisie lors de la « révolution de jasmin », et récemment en Algérie pour demander le départ d’Abdelaziz Bouteflika.

Le foot, sport populaire par excellence, permet aux femmes de s'affirmer, notamment en Jordanie et en Palestine. Ni les Jordaniennes et les Palestiniennes n'ont participé à la moindre phase finale de compétition majeure de football féminin. D’ailleurs, aucun pays du monde arabe ne sera représenté lors du prochain Mondial féminin en France cet été. Trop récent, le football féminin est en train de faire son chemin. Mais l’exposition note le combat des joueuses qui peuvent se heurter aux barrières culturelles et religieuses.

L’exposition propose des objets iconiques (maillots, ballons, trophées des Coupes du monde 1998 et 2018...), des photographies, des extraits d’archives, et des documentaires. Plusieurs expériences interactives sont également proposées aux visiteurs, comme composer son équipe de foot arabe idéale ou se glisser dans la peau d’un commentateur sportif.


Les onze temps forts de l’exposition :

Larbi Ben Barek, une légende du football | Le FLN : l’équipe de l’Indépendance | Le Nejmeh SC : le football au cœur du Liban | 1998-2018 : d’une étoile à l’autre | Le football féminin en Jordanie | Le Caire et le football, entre passion et déraison | Palestine, le football malgré tout | Objectif Qatar 2022 | Les ultras et les printemps arabes | Le Paris Saint-Germain, au-delà du sportif | Le XI de légende du monde arabe.

Exposition « Football et monde arabe, la révolution du monde arabe » jusqu’au 21 juillet 2019, à l'Institut du monde arabe
1 rue des Fossés Saint-Bernard
75005 Paris

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