Voilà une décision qui va faire polémique : l’agence russe de lutte contre le dopage (Rusada) a été rétablie dans ses fonctions, ce 20 septembre 2018, après une suspension de trois années pour cause de tricherie institutionnalisée présumée. Ainsi en a convenu l’Agence mondiale antidopage (AMA), réunie à Victoria aux Seychelles. « Aujourd'hui, une grande majorité du comité exécutif de l'AMA a décidé de rétablir la Rusada comme conforme au Code (mondial antidopage), et ce seulement sous de strictes conditions », a notamment déclaré le patron de l’AMA, Craig Reedie. Concrètement, la Russie va donc pouvoir recommencer à surveiller les athlètes et à les contrôler.
Le Britannique ajoute toutefois que cette décision prévoit un échéancier précis durant lequel l’AMA devra avoir accès aux données et aux échantillons de l’ancien laboratoire d'analyses de Moscou. Il précise également que le ComEx soutiendra un rétablissement des sanctions si les délais fixés ne sont pas respectés.
«La plus grande trahison de l'histoire olympique»
Ce choix de l’AMA était attendu et a été très critiqué ces derniers jours, en Amérique du Nord et en Europe notamment. L'accès aux données et aux échantillons du labo de Moscou était en effet une des conditions préalables à la levée de la suspension contre la Rusada. Mais le Comité exécutif a souhaité suivre des avis internes favorables à une réintégration de la Russie.
Les réactions des détracteurs de la Russie ne se sont donc pas fait attendre, y compris au sein de l'AMA. Cette décision « jette une ombre sur la crédibilité du mouvement antidopage, a ainsi déploré sa vice-présidente, Linda Helleland, qui a voté contre. C'était une erreur de réintégrer Rusada avant qu'ils n'aient rempli toutes les conditions de la "feuille de route" », a aussi dit la Norvégienne, candidate à la présidence de l'AMA en 2019.
« La décision de l'Agence mondiale antidopage représente la plus grande trahison de l'histoire olympique contre les athlètes honnêtes », a de son côté attaqué Jim Walden. Cet avocat défend entre autre les intérêts de Grigory Rodchenkov, ancien directeur du laboratoire de Moscou et principal témoin concernant le système de dopage qui a sévi en Russie de 2011 à 2015.
«Un énorme travail a été effectué en Russie»
En novembre 2015, l’agence russe et son laboratoire principal avaient été mis au ban suite à la mise au jour d’un système de dopage étatique en Russie. Les accusations de l’AMA n’ont jamais été totalement admises par des autorités russes qui se félicitent aujourd’hui de ce quasi-retour en grâce. « Nous saluons la décision de l'AMA, a ainsi réagi la vice-Premier ministre chargée des Sports, Olga Golodets. La Russie confirme son attachement aux principes d'un sport propre. Ces dernières années, un énorme travail a été effectué en Russie pour créer des conditions transparentes et claires ».