Le rugby, sport dangereux et en danger?

L'autopsie du jeune rugbyman d'Aurillac, mort à la suite d'un choc vendredi 10 août lors d'un match amical, n'a pas révélé la cause du décès et des analyses complémentaires ont été ordonnées. Mais aujourd’hui, le rugby est devenu une pratique sportive de plus en plus dangereuse à haut niveau. Et la principale pathologie reste la commotion cérébrale.

La réforme était déjà dans les tuyaux. A partir de cette saison, en Top 14 et en Pro D2, le nombre de remplacements va passer de 8 à 12 et l’arbitre va pour pouvoir sortir un joueur qui présente un signe évident de commotion cérébrale.  Il faut dire que le rugby français est en train de vivre une période compliquée après le décès d’un jeune joueur d’Aurillac (21 ans) dans le vestiaire après trois malaises suite à un choc lors d’une rencontre amicale vendredi 10 août.

200 000 commotions cérébrales par année en France dans le sport

« Le rugby a évolué en termes d’intensité, de rigueur, de dureté. C’est aussi dû au fait que l’on s’entraîne plus qu’avant. Il est clair que la traumatologie a énormément augmenté dans notre sport », témoigne dans Le Figaro Tchale-Watchou, président du syndicat des joueurs qui évoluent en France.   

Dans l'Hexagone, on estime qu’il y a environ 200 000 commotions cérébrales par année toutes disciplines confondues. Le professeur Jean-François Chermann, neurologue et spécialisé dans cette pathologie estime dans les colonnes de L’Equipe qu’on « ne meurt pas d’une simple commotion ». Il pointe surtout le risque majeur d’un deuxième impact dans les 15 jours qui suivent le premier !

Pourtant, le 20 janvier dernier, un jeune joueur de 17 ans avait été retrouvé mort dans son lit au lendemain d’un match. L’autopsie avait acté le décès suite à un traumatisme crânien.

Le rugby reste une pratique sportive à haut risque. Et le devient peut-être encore plus au fil des annnées.Lors de l’édition 2016-2017, on a enregistré 102 commotions cérébrales, presque deux fois plus que les 53 cas de la saison 2012-2013. Des chiffres qui traduisent que ce sport d’évitement à la base s’est mué en sport de contact direct.

« L’impact cérébral est à chaque fois très intense »

Autre exemple, celui de Jamie Cudmore qui a dénoncé les dérives du professionnalisme et le nombre croissant de commotions cérébrales. En avril 2015, il en est lui-même victime lors de la demi-finale de Coupe d'Europe qui oppose Clermont aux Saracens. Le deuxième-ligne qui n’avait pas réussi à passer le protocole commotion (le test qui consiste à faire sortir un joueur pour vérifier s'il souffre d'une commotion), avait été quand même renvoyé sur le terrain. Jamie Cudmore en a fait son combat en créant l’association Rugby Safety Network avec son épouse.

« Aujourd’hui, le règlement et l’évolution de ce sport que nous aimons imposent que des hommes de plus de cent kilos, courant le 100 mètres en 11 secondes, se rentrent dedans à pleine vitesse et accélèrent même au moment de la confrontation. L’impact cérébral est à chaque fois très intense et conduit naturellement à des maladies que l’on ne soupçonne même pas », témoigne le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, amateur de ballon ovale, dans les colonnes de Midi-Olympique. Il ajoute : « Alors, je sais bien : la pression des enjeux, le fait de gagner sa vie, l’intérêt d’être le plus fort… Mais rien ne justifie de mettre les joueurs en danger comme c’est le cas actuellement. »

Le rugby va-t-il ressembler de plus en plus au football américain ?

On se souvient qu’en janvier dernier, Samuel Ezeala, pour sa première en professionnel à 18 ans avec Clermont-Ferrand, allait se faire un nom dans le grand public. Victime d'un terrible contact avec Virimi Vakatawa (Racing 92), il restera de longues minutes au sol. Ce choc avait ému la France entière et défrayé la chronique.

Le rugby va-t-il ressembler de plus en plus au football américain, l’un des sports les plus populaires outre-Atlantique, mais qui est de plus en plus décrié pour sa dangerosité ?

Aujourd’hui, de nouvelles règles internationales pourraient permettre aux joueurs de rugby de prendre moins de risque. En réhabilitant par exemple la passe, la prise d’espace et d’initiative, plutôt que le télescopage qui multiplie les collisions dangereuses.

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