De notre envoyé spécial en Russie,
A Moscou, au lendemain de la victoire de la Russie face à l’Espagne (1-1, tab 4-3), dans un restaurant presque vide, qui propose des plats allemands, une jeune employée essuie inlassablement des verres, un œil rivé sur la rencontre entre la Belgique et le Japon (3-2). Un signe que le football a fini par gagner les cœurs au pays de Léon Tolstoï et de Nicolas Gogol.
Pourtant, ils étaient nombreux à penser que les Russes ne s’intéresseraient pas à leur Mondial, au football, et aux visiteurs en particulier. « C’est faux, après le travail, c’est possible d’aller jouer dans des salles à l’abri du froid pendant l’hiver. Ici, quand les gens ouvrent leur porte, c’est pour de vrai », assure un expatrié français qui vit à Moscou depuis deux décennies et dont le fils joue dans un des nombreux clubs de la ville.
Du jamais vu…
Lorsque la Sbornaïa (surnom de l’équipe russe) s'est qualifiée pour les quarts de finale - ce qui n'était plus arrivé en Coupe du monde depuis 1970, et c'était sous un maillot différent, celui de l'URSS- plus de 100000 personnes ont fêté ça dans les rues de Moscou. Les concerts de klaxons et les hurlements se sont fait entendre jusque tard dans la nuit. « Je n’ai jamais vu Moscou comme ça à part pour la fête nationale », nous racontait une jeune femme. « Ma ville va être bien triste quand tout le monde sera parti », se lamentait une jeune volontaire dans le métro.
Et le jour où le Mexique s’est fait éliminer par le Brésil, pas mal de Moscovites ont fait la queue devant la maison du Mexique, non loin de la Place Rouge pour regarder la rencontre. Dans l’immense salle, jusqu’à 12 000 personnes peuvent se rassembler chaque jour, et les Russes en redemande.
Poutine en guest-star ?
Surtout, la population, un peu septique avant l’ouverture de la compétition, s’est littéralement prise d’affection pour les supporters qui ont animé les rues des 11 villes hôtes du Mondial. « On est fier d’accueillir le monde et on aimerait que notre image change », explique un jeune homme croisé dans les rues de Saransk. A Volgograd, c’est un chauffeur de taxi, excité par l’évènement, qui voulait absolument converser grâce à Google Traduction. De jeunes péruviens qui avaient un peu peur de venir en Russie racontent qu’ils repartiront «enchantés ». « Si vous parlez anglais, aidez les touristes », avait déclaré le Maire de Kaliningrad avant le début de la Coupe du monde.
Stanislav Cherchesov, le sélectionneur russe, aura l'occasion d'écrire une nouvelle page d'histoire du foot russe face à la Croatie en quarts de finale, samedi 7 juillet. Et la Russie se demande même si le célèbre moustachu n’arriverait pas à faire venir au stade de Sotchi Vladimir Poutine, le dernier homme du pays semblant se désintéresser de la Coupe du monde.