Vingt millions de dollars, c’est le montant global de la dotation promise aux joueurs participants à la Coupe Davis nouvelle formule. Un seul tournoi sous la forme d’une Coupe du monde avec 18 équipes réunies dans une même ville.
Fini donc le folklore des matches à domicile et à l’extérieur qui donnent le piment à l’épreuve et font chavirer les supporters. Ce projet afflige en tout cas Nicolas Mahut, membre de l’équipe de France qui vient de se qualifier pour les demi-finales de l’édition 2018.
« Je crois que le grand perdant de cette réforme-là, ça reste le tennis, lance le joueur âgé de 36 ans. C’est malheureux. Quand on a une compétition qui est centenaire comme celle-ci, on ne peut pas faire tout et n’importe quoi, sous prétexte que ça va rapporter plus d’argent. Il faut respecter les traditions et l’histoire du jeu. Si on va jouer en Asie, même si c’est dans un très beau stade, je pense qu’on perdra tout l’attrait de cette compétition. Bien sûr qu’on est heureux de jouer en France, devant notre public. Mais jouer à l’extérieur permet aussi à un groupe de rester soudé, d’avoir une autre ambiance. Et c’est ce qui fait le sel de cette compétition ».
Une réforme inévitable, mais...
Depuis plusieurs années, la Fédération internationale de tennis (ITF) souhaitait faire une réforme de la Coupe Davis et tenter ainsi de faire revenir les meilleurs joueurs mondiaux qui la boudent de plus en plus. Mais pour le Français Adrian Mannarino, l’ITF a fait le mauvais choix.
« C’est vrai qu’il fallait changer quelque chose parce que de moins en moins de top players (sic) jouaient cette compétition, concède-t-il. Mais je pense qu’il y avait d’autres solutions à trouver avant de la changer du tout au tout ».
Beaucoup de joueurs sont contre
Mais les Français ne sont pas les seuls détracteurs à ce projet. Exemple avec les anciens n°1 mondiaux au classement professionnel, l’Australien Lleyton Hewitt, le Russe Yevgeny Kafelnikov et l’Allemand Boris Becker. C’est le cas également du capitaine italien de Coupe Davis, Corrado Barrazzuti.
« La Coupe Davis a un format qui marche très très bien, assure-t-il. Changer ça, c’est comme changer un tournoi du Grand Chelem. Imaginez que Roland-Garros se dispute sur une semaine, avec des matches au meilleur des trois sets. Je crois que la Coupe Davis doit rester comme elle est ».
Mais les superstars du tennis sont pour
Pour son homologue français, Yannick Noah, trois fois vainqueur de l’épreuve, les meilleurs joueurs ont aussi leur part de responsabilité dans le choix de cette réforme.
« C’est la tradition contre l’argent, déplore-t-il. Ça vient des dirigeants mais surtout de certains joueurs dont on ne parle pas assez. Si on en arrive aujourd’hui à cette situation, c’est à cause de certains joueurs qui sont encore très très protégés ».
Car beaucoup des meilleurs joueurs soutiennent ce projet comme Rafael Nadal, Andy Murray et Novak Djokovic. Roger Federer, lui, attend, avant de vraiment se prononcer. Pour eux en tout cas, les quatre week-ends consacrés à la Coupe Davis alourdissent un calendrier déjà trop chargé. Ils n’hésitent pourtant pas à rajouter des exhibitions beaucoup plus rémunératrices à leur programme…
« Aujourd’hui, Certains veulent encore plus »
« Imaginez un footballeur de Manchester United qui gagne 500 000 euros par semaine et qui décide qu’il ne va pas jouer la Coupe du monde, s'insurge Yannick Noah. Qu’est-ce que va faire la FIFA ? La FIFA va dire ‘bon, ben, maintenant, on va changer la formule ?’ C’est pourtant exactement la situation dans laquelle on est. On parle de sept ou huit joueurs seulement. Ces joueurs, avec tout le respect que j’ai pour eux, ont certes donné beaucoup au tennis. Mais le tennis leur a aussi beaucoup donné. [...] Certains joueurs ont beaucoup profité du jeu mais, aujourd’hui, ils veulent encore plus. Et moi, je pense que c’est trop ».
Alors, mort ou pas de la Coupe Davis ? Tout se jouera mi-aout à Orlando lors de l’Assemblée générale de l’ITF. Les différentes Fédérations du globe voteront pour mettre fin ou non à 118 années d’histoire.