Cyclisme: Milan-San Remo, la course qui obsède

Samedi 17 mars, ils seront encore plusieurs à vouloir dompter le premier Monument cycliste de la saison : Milan-San Remo. A commencer par le Slovaque Peter Sagan qui a échoué d’un fil à deux reprises. Milan-San Remo reste la classique la plus ouverte. Comme souvent, une trentaine de coureurs sont en mesure de s’y imposer.

L’Italien Vincenzo Nibali, troisième en 2012, nous l'a avoué il n’y a pas si longtemps : il « adore Milan-San Remo ». La course qui pourtant lui « correspond le moins ». Rares sont les grands champions du peloton qui ne vouent pas un culte à la première grande classique de l’année. Même si la plupart savent que, jamais, ils ne pourront dompter le premier Monument* cycliste de la saison.

Milan-San Remo, premier Monument de la saison

Même sur une course fétiche, il sera difficile d’égaler les 7 victoires du Belge Eddy Merckx. Le « Cannibale » s'est imposé à sept reprises, la première fois en 1966, la dernière dix ans plus tard en 1976. Costante Girardengo, figure du cyclisme italien, s'était quant à lui illustré à six reprises. Gino Bartali et Erik Zabel comptent eux parmi les quadruples vainqueurs. Fausto Coppi s'est imposé trois fois, tout comme l’Espagnol Oscar Freire. Le niveau très homogène du cyclisme actuel fait qu'il devient de plus en plus difficile de lever les bras plusieurs fois sur La Primavera.

La Classicissima, son autre surnom, a célébré en 2008 son 100e anniversaire puisque l'épreuve a été disputée pour la première fois en 1907. Pendant longtemps, Milan-San Remo a été la première grande épreuve de la saison. Aujourd’hui, les coureurs l’abordent avec pas mal de kilomètres dans les jambes, voire au top de leur forme pour ceux qui ont l’ambition d'y briller.

Depuis longtemps, la San Remo est une course de sprinters. Le dernier tricolore à l’avoir remporté est Arnaud Démarre en 2016. « Je suis surpris par ce que j'ai pu faire », avait-il déclaré dans l’euphorie de sa victoire.

Le Poggio a tout changé

C’est à partir de 1960 que les organisateurs ont introduit la célèbre montée du Poggio : une côte rapide, à quelques kilomètres à peine de l'arrivée. Depuis 1982, ils y ont ajouté la montée de la Cipressa, à 28 kilomètres de San Remo. La course se joue la plupart du temps entre les deux obstacles. En 2009, décroché en haut du Poggio, Mark Cavendish avait joué le tout pour le tout et était revenu dans la descente. Dans la dernière ligne droite, le Britannique avait dépassé Heinrich Haussler dans un ultime coup de reins.

Même avec un résultat au bout, certains coureurs n’ont pas apprécié la Classicissima. « C’était une course qui m’intéressait pour préparer le Tour des Flandres et Paris-Roubaix. Mais je la trouvais trop longue et monotone. Le final était trop dur pour moi. J’ai fait une descente de dingue dans le Poggio l’année où je fais troisième (1998). Cette course ne m’a pas fait vibrer »,  nous raconte Frédéric Moncassin, ancien sprinteur français. « Mais je regrette les pâtes, le risotto et les grissini », lance-t-il dans un éclat de rire.

Longue de près de 300 kilomètres, Milan-San Remo met à rude épreuve l'endurance des coureurs. « J’ai appréhendé ces 300 kilomètres de course et j’avais même demandé à mon directeur sportif si je devais rouler après les étapes de Paris-Nice en prévision de Milan-San Remo », se souvient pour RFI Wiliam Bonnet. Le coureur français de la formation Groupama-FDJ avait terminé 20e de son premier Monument en 2007. « Milan-San Remo se divise en deux parties et la première moitié est plate et assez calme. C’est à partir du moment où l’on plonge vers la mer que la course commence réellement. Le peloton devient un vrai rouleau compresseur, ça va de plus en plus vite pour revenir sur les échappées et les kilomètres défilent sans que l’on s’en rende compte », ajoute-t-il.

L’usure des kilomètres, l'incertitude du résultat

Après 6 heures de course, la course prend donc une autre dimension dans le final. Milan-San Remo possède un charme authentique. « C’est le Monument du cyclisme le plus accessible. Avec l’usure des kilomètres, il y a toujours eu une part d’incertitude. L’enchaînement de la Cipressa et du Poggio peut permettre aux grimpeurs de contrecarrer les plans des sprinteurs. Mais c’est toujours un grand champion qui s’impose », commente William Bonnet.

Selon ce dernier, Milan-San Remo a du charme. « C’est pour cela que Peter Sagan (2 fois 2e, ndlr) rêve de la décrocher. C’est la première grande course de la saison, il y a l'ambiance des courses italiennes au départ. Cette course respire vraiment l’Italie. Avec Paris-Roubaix et le Tour des Flandres, c’est certainement la plus belle », avance William Bonnet.

Chaque année, tout le monde espère une chevauchée sauvage dans le Poggio après une accélération fulgurante. Ensuite, une pointe de frustration peut envahir le spectateur au moment du sprint massif qui sonne le verdict. On finit par se consoler en se disant qu’une nouvelle fois, le final était si haletant.


*Les cinq Monuments du cyclisme :

Milan-San Remo (« la Classicissima » ou également « La Primavera ») 17 mars 2018

Le Tour des Flandres (« De Ronde » ou « Vlaanderens Mooiste ») 1er avril 2018

Paris-Roubaix (« L'Enfer du Nord » ou « La Reine des Classiques ») 8 avril 2018

Liège-Bastogne-Liège (« La Doyenne ») 20 avril 2018

Le Tour de Lombardie (« la Classique des feuilles mortes ») 13 octobre 2018

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