Au Royaume-Uni, à Noël, on festoie, on s’offre des cadeaux, on se retrouve en famille… et on joue au foot. Beaucoup. Tous les jours ou presque. Ainsi va la tradition depuis la deuxième moitié du XIXe siècle. Le 26 décembre est férié car c’est le Boxing Day (Jour des boîtes), événement aux racines plus anciennes durant lequel les Britanniques se ruent dans les magasins pour les soldes… et dans les stades/dans les pubs/devant les écrans pour regarder les matches de championnat.
Le Boxing Day, une orgie de foot à ne pas manquer
Dans la plupart des championnats européens, les joueurs sont au repos pour Noël. C’est la petite trêve hivernale et les footballeurs en profitent pour prendre couper avec le ballon rond, retrouver leurs proches ou faire un peu de tourisme. Au Royaume-Uni, ça ne marche pas comme ça. La tradition ancestrale du Boxing Day veut que l’on joue dès le lendemain de Noël dans des stades archi-combles.
Les joueurs n’ont pas le loisir de se laisser aller pendant les fêtes de fin d’année. Et pour cause : ils ne s’arrêtent pas de jouer ! Les 20e, 21e et 22e journées du championnat d’Angleterre (Premier League) par exemple s’enchaînent cette saison encore à un rythme dément : elles ont lieu entre le mardi 26 décembre 2017 et le jeudi 4 janvier 2018 !
Un véritable marathon, une orgie de foot avec 30 matches disputés en l’espace 10 jours. Supporters et joueurs ne pourront reprendre leur souffle brièvement que le 29 décembre. C’est ça, le Boxing Day version foot !
Harry Kane efface la légende Alan Shearer
Et pour commencer ce Boxing Day 2017, la Premier League a mis les petits plats dans les grands avec un superbe Tottenham-Southampton d’entrée. Pas vraiment une affiche de gala sur le papier, puisqu’au classement, au coup d’envoi, les Londoniens étaient 5e et les visiteurs seulement 13e. Mais ce match restera dans l’histoire du football anglais, et même européen, non pas à cause du score (5-2) mais à cause d’un homme : Harry Kane.
Lors de la précédente journée, le 23 décembre à Burnley, l’attaquant des Spurs avait frappé un grand coup en inscrivant un triplé (victoire de Tottenham 0-3). Avec ce nouveau hat-trick (coup du chapeau), l’Anglais a porté son total personnel à 53 réalisations sur l’année 2017, égalant Edison Cavani (PSG/Uruguay), Robert Lewandowski (Bayern Munich/Pologne) et Cristiano Ronaldo (Real Madrid/Portugal). Il ne restait alors plus que les 54 buts de Lionel Messi (Barcelone/Argentine) dans sa ligne de mire.
Face à Southampton pour le Boxing Day, Harry Kane avait donc plusieurs objectifs personnels. Et ils les a tous atteints. Le premier était de marquer au moins un but. Il y est parvenu de la tête à la 22e minute. Se faisant, l’attaquant a effacé des tablettes le précédent record de buts en Premier League sur une année civile. Il appartenait depuis 1995 à Alan Shearer avec Blackburn à l’époque (36 buts). En marquant rapidement son 37e but, Kane a surpassé son aîné. Et il a égalé Leo Messi dans la course au titre de meilleur buteur de l’année 2017.
Lionel Messi surpassé par le prodige anglais
Terminer 2017 meilleur buteur à égalité avec un génie comme Lionel Messi est déjà une très grande performance. Mais Harry Kane a fait encore plus fort. Après son premier but, l’international anglais en a planté deux autres du pied gauche dans l’antre de Wembley (39e et 67e). Les chiffres sont fous : cela fait 8 triplés pour lui cette année… et 56 buts ! Soit 2 de plus que le quintuple Ballon d’Or argentin.
C’est donc officiel : le meilleur buteur en Europe de l’année civile 2017 est bien Harry Kane, et haut la main. Dans le top 5 des buteurs de l’année, celui que l’on surnomme "Hurricane" ("L’Ouragan") a été le plus fort d’un point de vue statistique. L’Anglais a marqué plus que tout le monde (56 buts) en disputant pourtant moins de rencontres (52 matches) sous le maillot de Tottenham et de l’Angleterre. A titre de comparaison, son dauphin, Leo Messi, a marqué 54 buts en 64 matches. La moyenne de Kane est très impressionnante : 1,07 but/match (0,84 pour Messi, 0,96 pour Lewandowski, 0,88 pour Ronaldo, 0,85 pour Cavani).
La réussite du meilleur buteur de Premier League des deux dernières saisons est paradoxale. Individuellement, Harry Kane est une machine inarrêtable qui a largement prouvé qu'il n'était pas un "one season wonder" ("prodige d'une saison") comme on le qualifiat à ses débuts. Collectivement, le joueur de 24 ans court toujours après un premier trophée. En 2017, les Spurs n’ont été que vice-champions d’Angleterre. Dans le même temps, les palmarès déjà copieux de Messi, Ronaldo, Cavani et Lewandowski se sont alourdis. Si Tottenham ne parvient pas à s’installer parmi les cadors anglais et européens, il n’est pas impossible de voir le chasseur Kane rejoindre d’ici peu un géant à la hauteur de son talent… et capable de débourser une somme considérable pour un tel oiseau rare.