De notre envoyé spécial à Abidjan,
Les Abidjanais venus assister au début des épreuves de lutte africaine des Jeux de la Francophonie 2017, ce 27 juillet, se sont frottés les yeux en voyant le drapeau de la Roumanie. Non, il ne s’agit pas de celui du Tchad, quasiment identique, mais bel et bien celui de cet Etat d’Europe orientale réputé en lutte libre.
Incze Kriszta vient de quitter l’arène du Parc des Sports de Treichville percluse de douleurs et avec du sable dans les yeux. Après son combat face à une Sénégalaise, elle le confirme : la lutte africaine, ça fait vraiment mal. « C’était difficile pour moi, parce qu’en plus c’était la première fois que je faisais de la lutte sur la plage, sourit-elle. Pour moi, c’était une nouvelle expérience. Les Africaines, elles, sont habituées à ça et elles sont donc très fortes ».
Madalina Linguraru, elle, est davantage en terrain connu. La petite lutteuse a en effet été sacrée championne du monde de Beach Wrestling, de la lutte sur plage, en 2015, à domicile. « La lutte africaine nous aide pour la lutte libre au niveau de la stabilité des pieds, analyse-t-elle. C’est une très bonne idée d’avoir participé à ce tournoi. Je suis contente d’y être ».
« C’est merveilleux de les voir participer »
A en croire Madalina Linguraru, certaines adversaires n’étaient pourtant pas forcément ravies de voir des Roumaines débarquer dans l’arène, au début des Jeux de la Francophonie 2017. « Je pense que certaines lutteuses n’étaient pas contentes, au départ, lorsqu’elles ont vu la participation de la Roumanie, glisse-t-elle. Comme elles sont axées sur la lutte traditionnelle, elles étaient presque certaines de nous battre ».
S’il y a eu un peu de défiance à leur égard, elle s’est sans doute totalement envolée après cette belle matinée de compétition. « Elles ont fait des efforts, salue la Tchadienne Demos Memneloum. Ce n’est pas facile de s’adapter. […] C’est bien, c’est une évolution de leur part. On apprécie et on les encourage ».
« Une affaire de diversité, d’échanges culturels »
Clément Etoundi, l’entraîneur de l’équipe du Cameroun, confirme : « C’est merveilleux de les voir participer. On n’aurait jamais cru qu’il y aurait un pays européen. Leur participation nous égaye. C’est un exemple pour beaucoup d’autres pays européens et même d’Amérique ou d’Asie. Ça pourrait aider l’Afrique à développer la lutte traditionnelle. »
Pour Marian Berbec, coach de l’équipe de lutte roumaine, l’essentiel est toutefois ailleurs. « Il s’agit aussi d’une affaire de diversité, d’échanges culturels, souligne-t-il avec fermeté. Pourquoi ne pas essayer ? » Il conclut : « C’est avant tout une expérience parce qu’on avait très envie de voir ce que ça donne la lutte africaine. On n’en avait jamais vu. » C’est aussi ça, l’intérêt des Jeux de la Francophonie.