Ibrahim Al-Hussein, la voix des réfugiés aux Jeux paralympiques

Le nageur syrien Ibrahim Al-Hussein, qui vit en Grèce, représente les réfugiés du monde entiers lors des Jeux paralympiques de Rio au Brésil. S’il n’a pas gagné de médaille en natation, les Paralympiques lui auront permis de mettre en lumière le problème des déracinés. Rencontre.

De notre envoyé spécial à Rio,

Il a fui la Syrie en fauteuil roulant après avoir été blessé dans un attentat. Aujourd’hui, Ibrahim Al-Hussein représente la voix des réfugiés à Rio lors des Jeux paralympiques. Même s'il n'a pas réussi à décrocher de médaille, ce nageur âgé de 27 ans, qui a perdu une jambe, a pu porter les couleurs de tous les réfugiés du monde. Selon les chiffres du Commissariat aux réfugiés des Nations unies, fin 2015, environ 53 millions de personnes ont vécu l'exil.

« Continuer à vivre coûte que coûte »

« Ma présence à Rio a permis que l’on parle un peu de tous ceux qui souffrent et qui ont été contraints de quitter leur pays, chuchotte Ibrahim Al-Hussein qui porte désormais une prothèse. J’espère les avoir inspirés un peu en leur démontrant que rien n’est perdu et qu’il faut continuer à vivre coûte que coûte ».

Ibrahim Al-Hussein, qui vit désormais en Grèce, travaille plus de dix heures par jour comme serveur. Il trouve tout de même le temps de s’entraîner. Il a été sélectionné pour faire partie, avec Shahrad Nasajpour, un athlète iranien, de la première équipe de réfugiés de l'histoire des Jeux paralympiques. Ibrahim Al-Hussein commence la natation à l'âge de cinq ans sur les bords de l'Euphrate avec son père entraîneur. Au mois d'avril dernier, l'athlète handisport participait depuis un camp de réfugiés à Athènes au relais de la flamme olympique. Là, il a été repéré pour les Jeux paralympiques.

« Je voudrais tout d'abord remercier tous les pays européens qui accueillent des réfugiés syriens. Je sais que c’est un problème compliqué », tient-il absolument à préciser. Il poursuit : « Mais il faut dire à tous les Européens que beaucoup de Syriens qui ont été contraints de fuir leur pays sont très éduqués. Parmi eux, il y a des médecins, des avocats, ou encore des enseignants. Si certains se sont mal comportés, ce n’est vraiment pas la majorité. Il ne faut pas qu’ils détruisent la réputation de tous les autres réfugiés. »

Trouver un peu de sérénité dans la pratique du sport

A Rio, Ibrahim Al-Hussein a rencontré beaucoup d’athlètes et gardera le souvenir d’échanges « enrichissants ». « Je voudrais montrer que même si l’on a été gravement blessé dans un conflit, on peut revenir à une vie normale. Je crois que le sport est le meilleur remède quand tu désespères et que tu as des moments où tu ne crois plus en rien. En ce qui me concerne, la pratique sportive m’a permis de trouver un peu de sérénité », dit-il.

De retour à Athènes, Ibrahim Al-Hussein reprendra le cours de sa vie avec pour ambition de représenter la Syrie aux Jeux paralympiques de Tokyo en 2020. Pour cela, il va falloir que la paix revienne.

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