De notre envoyé spécial,
Quelques jours après avoir paradé sur les Champs-Elysées lors de la dernière étape du Tour de France, une partie du peloton international s’est retrouvée à Rio. La course arrivait au Fort de Copacabana, proche de la plage la plus connue du monde entier avec ses trottoirs décorés de mosaïque blanche et noir, dessinés par Roberto Burle Marx. Là, le matin, les joggeurs filent à toute allure.
Une course folle dans les rues de Rio
Tout comme les coureurs dans le final haletant où l’Italien Vincenzo Nibali et le Colombien Sergio Henao ont perdu l’idée du rêve olympique après avoir chuté dans la dernière descente. Ce cadre idyllique et un peu surréaliste pour une course de vélo, que seuls les JO au Brésil pouvaient offrir, leur a fait défaut. Le Canadien Hugo Houle parlait même « de folie » quant à la dangerosité du circuit.
Sur les derniers kilomètres de la course, le spectacle paraissait décalé, avec tous ces gens en maillot de bain, vacant à leur passe-temps favori : le beach-volley ou encore le frescobol, un jeu de raquettes. Le public a certainement tenté de voir passer ses deux représentants : Murilo Fisher et Kleber Ramos.
A Rio, les kilomètres de plages sont un vrai terrain de sport, un endroit prisé pour ceux qui adorent sculpter leur corps, sous le soleil, même en hiver, la saison actuelle. Tellement loin du public du Tour de France, attendant patiemment le passage des coureurs, assis sous un parasol, sans s'agiter comme les Cariocas.
Les stars du cyclisme à Rio
Contrairement au golf, les stars du peloton international étaient là, comme l’Espagnol Joaquim Rodriguez qui mettra fin à sa carrière en fin de saison, le Britannique Adam Yates, meilleur jeune du Tour de France 2016, l’Irlandais Dan Martin ou le malheureux Nibali. Sans compter le Français Romain Bardet, deuxième de la Grande Boucle, pas dans un grand jour. « C’est difficile de se dire que l’on est passé à côté d’un podium », dira une heure après l’arrivée son compatriote Julian Alaphilippe, même s’il avoue avoir fait tout son possible malgré une chute dans la descente. Il reste tout de même émerveillé par le cadre et le gigantisme des JO après avoir découvert le Tour de France.
Christopher Froome, le triple vainqueur du Tour de France, qui a tenté son va-tout dans le final, a passé la ligne d’arrivée en douzième position, complètement « rincé », comme beaucoup. La chaleur de Rio a fait des dégâts.
A côté des stars du cyclisme, les petits pays du vélo étaient présents pour cette course si imprévisible, due à la composition des équipes et du parcours accidenté. Depuis 1995 et les championnats du monde remportés par l’Espagnol Abraham Olano en Colombie, on n’avait pas vu un circuit aussi exigeant dans une grande course internationale. Et pourtant, parmi les onze coureurs africains présents, sous le soleil de Rio, l’Algérien Youcef Reguigui avait même eu des fourmis dans les jambes en attaquant dès les premiers kilomètres.
Le Sud-Africain Louis Meintjes a encore impressionné
Son compatriote Abderrahmane Mansouri avait cédé bien avant que Greg Van Avermaet dompte Copacabana. Le Namibien Dan Craven tirait déjà la langue à cent kilomètres du but. Le Marocain Anass Ait Abdia était « heureux » d’avoir terminé cette journée riche en émotion. Il restera pour lui la fierté d’avoir représenté son pays et le continent africain.
Le Sud-Africain Louis Meintjes a passé la ligne à la 7e place. Le petit grimpeur qui avait terminé à la huitième place du Tour de France au classement général (le meilleur place pour un coureur africain) confirme qu’il est devenu plus qu’un espoir du cyclisme mondial.
« Pour une course d’un jour, c’était une des plus compliquées », avoue l’Estonien Rein Taaramae qui a été impressionné par le nombre de côtes. « C’est fou, Greg van Avermaet n’est pourtant pas un grimpeur », s’étonne Taaramae.
Aux JO, tout peut arriver. « C’est le plus beau jour de ma vie », avance Greg Van Avermaet alors qu’un défilé de samba qui passe juste le long de la plage de Copacabana le rend presque inaudible.