Boxe: Hassan N’Dam N’Jikam, le dernier coup de poker

A 32 ans, le boxeur français d’origine camerounaise Hassan N’Dam N’Jika tente actuellement de se qualifier pour les Jeux de Rio, pour le compte du Cameroun. C’est la première fois que les professionnels comme lui sont autorisés à participer. Un pari loin d’être gagné d’avance pour ce grand fan de poker, qui fera tout pour apporter une médaille à son pays natal. Rencontre en juin au domicile du pugiliste.

Au train-train quotidien bling-bling, Hassan N’Dam privilégie l’effacement et le calme. C’est avec surprise que l’on retrouve écrit le nom de l’ancien champion du monde sur l’interphone collectif d’un bloc d’immeuble, dans un discret quartier résidentiel de la ville de Pantin, en banlieue parisienne. Le poids moyen (75 kg pour 1m82) laisse entrevoir un corps sculpté lorsqu’il ouvre la porte de son petit appartement, mais aussi une épaisse tignasse. « Je ne peux pas sortir de chez moi, j’attends que ma sœur Lady rentre pour me faire mes tresses ! », sourit-il de sa voix si douce.

Douze ans après Athènes

Voilà 12 ans que l’athlète a quitté Douala et le Cameroun, pour s’installer en Seine-Saint-Denis. Il a depuis pris la nationalité française et est passé professionnel de boxe. Un exil couronné de succès, puisqu’il est devenu champion du monde WBA et WBO. Le combattant impressionne par son style élégant mais aussi par sa puissance et ses nombreuses victoires par K-O.

Cependant, depuis quelques années, il paraît sur la pente descendante. Il a perdu ses ceintures de champion du monde et s’est incliné l’an dernier lors du « match de l’année » 2015 face au Canadien David Lemieux, lors du championnat du monde IBF.

Pas rassasié par une carrière déjà bien remplie, il rêve désormais d’Olympe pour rebondir. « Aller aux Jeux olympiques, c’est l’apogée d’une carrière pour un boxeur », confesse-t-il. « Il s’agira d’une première pour les boxeurs professionnels, c’est une très belle aventure qu’il faut faire au moins une fois dans sa carrière ».

Pour Hassan N’Dam, cela pourrait en fait être sa deuxième participation. En 2004, il est champion d’Afrique en titre et est encore amateur. Il participe alors aux JO d’Athènes : « C’étaient des très bons moments ! Pour moi qui venais du Cameroun, j’ai pu rencontrer des personnalités que je ne voyais qu’à la télé comme Maurice Green, Brahim Asloum ou Mahyar Monshipour. Mais je garde un goût amer, d’être passé si près d’une médaille ».

Aller au tapis, ou rafler la mise ?

Le jeune boxeur s’incline en quart de finale, face au futur champion olympique Gaydarbek Gaydarbekov. Il espère désormais faire passer cette amertume en se qualifiant pour Rio et en ramenant une médaille pour le Cameroun. Passage obligé pour espérer rallier le Brésil : finir finaliste dans sa catégorie lors d’un tournoi de qualification au Venezuela, du 3 au 8 juillet. Un tournoi pour lequel un retour aux normes des compétitions amateur est obligatoire : « C’est très différent ! », explique-t-il. « Ce n’est plus huit rounds comme en pro mais trois, de trois minutes chacun. Il va falloir retrouver des sensations plus explosives, sans attentisme, avec beaucoup de touches, beaucoup de coups et du jeu de jambe. Ce n’est pas du tout acté que les professionnels battent les amateurs. Eux sont rompus à ses formats, moi ça fait 12 ans que j’ai arrêté ! ».

Plutôt que de s’aligner avec la France, qui présente déjà un boxeur dans sa catégorie (ndlr : Christian Mbili), Hassan N’Dam a choisi de revenir vers son pays d’origine. Un fait rare.

En parallèle de la boxe, Hassan N’Dam s’adonne pleinement à sa passion depuis près de dix ans : le poker. Sur internet, avec des amis, lors d’une émission de téléréalité… Le poids-moyen n’hésite jamais à troquer ses gants contre des cartes et des jetons. « C’est très similaire avec la boxe », analyse-t-il. « Comme sur le ring, il faut savoir lire le jeu, les expressions de l’adversaire… Comme ça on peut comprendre s’il bluffe ou s’il a du jeu. C’est complémentaire ». Un atout de plus dans la manche d’Hassan N’Dam. Reste à rafler la mise, en évitant d’aller au tapis.

Par Martin Guez,

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