De notre envoyé spécial à Lens,
On ne voudrait pas verser dans le cliché. Mais de la pluie – beaucoup de pluie par moment – au mois de juin ; de la bière – beaucoup de bière – dès 9h du matin ; des chants à tous les coins de rue ; une sono qui crache des tubes de rock britannique. Avec tous ces bâtiments en briques rouges et ces milliers de supporters britanniques, difficile de dire de quel côté de la Manche on est.
Il s’agit pourtant du centre-ville de Lens, où James, 28 ans, et ses potes, déambulent en shorts ou bermudas, malgré les 14 degrés Celsius. « On n’a pas froid, lance-t-il. On a le même temps à la maison ». James et sa bande ont débarqué de Birmingham en mini-van, via le tunnel sous la Manche.
« La France est un pays pas si cher que ça », sourit Martin, venu avec sa femme de Cardiff. Ces fringants sexagénaires attendent une pizza (à 11h du matin), leurs billets pour le match Angleterre-Pays de Galles, précieusement rangés. « On y tient trop », rit Carole, l’épouse de Martin.
Des centaines de spectateurs dans la Fan Zone
D’autres sont là sans tickets. Ils attendent l’ouverture de la « Fan Zone » de Lens, ce grand espace sécurisé, en plein centre-ville, où les matches sont diffusés sur écran géant et où des animations sont prévues à partir de midi.
Les fans gallois se regroupent d’un côté, notamment au Coffeeshop Company, à quelques mètres de l’entrée de la Fan Zone. Un peu plus loin, les supporters anglais s’agglutinent sous la tonnelle du bar La Cuvette.
Un peu partout, quelques chants paillards, une partie de foot improvisée sur le long boulevard Emile Basly. Mais rien de méchant. « Jusqu’ici tout va bien, soupire une dame à l’accueil de la pharmacie centrale. Lors du match Albanie-Suisse [le 11 juin à Lens, Ndlr], tout s’était très bien passé. Mais là, c’est ce soir qui nous inquiète ».
Crainte de débordements
Même son de cloche chez la direction d’un hôtel de Noyelles, à quelques kilomètres de Lens. Tous les établissements de la région affichent complet. « Ça s’est bien passé de notre côté, respire-t-elle. On les a calmés d’entrée de jeu, en les accueillant avec un vigile ». Elle conclut, mi-amusée, mi-épuisée : « On a hâte d’être en juillet... », sous-entendu, lorsque l’Euro 2016 sera fini.
La police a dû intervenir à quelques reprises, dans certains établissements du coin, pour calmer des esprits trop excités. Des restrictions sur l’alcool ont été prises par les autorités locales pour éviter de nouveaux débordements.
Comment réagiront Anglais et Gallois à l’issue du match, prévu entre 15 à 17h ? Les affrontements entre supporters anglais et russes ayant eu lieu à Marseille font craindre le pire. La vidéo de Britanniques jetant des pièces de monnaie à des enfants Roms à Lille n’a pas non plus amélioré l’image des visiteurs. « On s’en fout de tous ces abrutis. Eux, ils ne sont pas là pour le football », balaie James, avant de shooter très fort dans un ballon. La pluie a cessé de tomber.