L’exigence. C’est certainement ce qui caractérise le mieux un sportif de haut niveau. C’est donc la caractéristique de Guillaume Augugliaro, 24 ans, avec qui nous avons passé une journée à l’Insep pour comprendre la vie d’un jeune homme qui tente d’attendre ses objectifs et de satisfaire ses rêves. En cette année de Jeux olympiques, cette plongée dans son univers arrive à point nommé.
A l’Insep, ce sont les fédérations qui présentent leurs athlètes de haut niveau. Ici, ne cherchez pas les costumes et les cravates du quartier d’affaires de la Défense à Paris. Vous êtes dans le bois de Vincennes où le survêtement fait office de tenue de travail.
L’Insep accueille 730 sportifs de haut niveau
10h00. Le gymnaste de l’Olympique Antibes Juan-les-Pins nous attend tout sourire malgré un coup de fatigue après une compétition aux Pays-Bas. « C’est une belle journée de printemps, on a de la chance », lâche Guillaume Augugliaro. Direction la salle de musculation pour une séance de préparation physique. L’endroit respire le sérieux. Sur leur machine, trois athlètes aux abdominaux impressionnants sont concentrés sur leurs exercices avec un casque de musique sur les oreilles. Ça souffre.
Guillaume Augugliaro commence sa séance sous l’œil averti de Clément Bouchonnet, son préparateur physique. « Je suis là pour l’aider à réaliser ses rêves. Je gère sa motivation, ses déceptions, il y a aussi de la psychologie dans mon travail », dit-il. L’Insep accueille 730 sportifs de haut niveau qui sont encadrés par 200 entraîneurs. Dans ce temple du sport, au budget annuel de 46 millions d’euros, qui a été rénové entre 2007 et 2014, Guillaume Augugliaro est un athlète d'exception parmi tant d’autres qui fait vivre ce lieu si particulier. Il y passe en moyenne cinq journées par semaine pour environ 30 heures d’entraînement. Un vrai sacrifice pour ce jeune papa qui espère décrocher des médailles tout au long de sa carrière et espère bien être à Rio en août prochain pour une première consécration.
« J’arrive à 10 heures du matin pour retrouver tous les copains et me mettre au travail », raconte Guillaume Augugliaro. C’est un peu comme le commun des mortels, mais avec la performance sportive en plus. Entre midi et deux, il profite de la pause pour aller consulter le corps médical au gré de ses besoins. Ce jour-là, un mal de gorge le titille.
12h00. Dans le cabinet du généraliste, il semble à l’aise et surtout, il est entre de très bonnes mains. Chaque année, il doit s’astreindre à deux rendez-vous obligatoires avec toute une batterie de tests. L’Insep dispose d’équipements importants, comme du matériel d'exploration radiographique. « Les médecins sont indispensables, ils réparent notre corps qui est notre outil de travail », avoue Guillaume Augugliaro. Le praticien est un peu gêné par ces propos...
« J’aime ce mode de vie actif. C’est ma passion »
« Pour un médecin du sport, l’Insep, c’est le temple », raconte Stéphanie Nguyen qui a commencé en 2009. Salariée de cette institution, elle ne se voit pas faire autre chose. « On est tous fans de sport. Ils me font rêver et je les aide à accomplir leurs rêves », dit celle qui sera au plus près des athlètes à Rio lors des prochains JO. A cette évocation, ses yeux pétillent.
L’Insep compte quatre-vingts personnels médicaux, dont quarante et un médecins et vingt chercheurs. Guillaume Augugliaro a l’habitude de côtoyer aussi l’ostéopathe, le kinésithérapeute, le préparateur mental ou encore la nutritionniste.
13h30. Avant de retourner à l’entraînement, Guillaume Augugliaro passe voir Camille Rombaud, sa nutritionniste, qui veut faire le point. Avant une compétition, tout est planifié et il reçoit un mail avec des instructions. Le reste du temps, elle le voit pour l’aider à gérer son poids. « Il pratique un sport ou l’esthétique est importante. Mais il faut aussi expliquer pourquoi la nutrition est primordiale dans la performance », dit-elle. La jeune femme a l’impression de souvent rabâcher avec certains sportifs.
La performance requiert 5 à 6 heures de travail par jour
A 15h30, il faut remettre le couvert pour un nouvel entraînement. « Certains jours, quand on est crevé, et que ça va pas très bien, il faut se souvenir de son objectif. Il y a plus de haut et de bas que dans la vie de quelqu’un qui a une activité normale », concède Guillaume Augugliaro. Entre temps, nous avons pris un petit moment pour nous restaurer dans une cafétéria clairsemée. « Bien manger pour gagner », indiquent les écriteaux du self où les menus sont variés, assez généreux et visiblement appréciés par lui.
Guillaume Augugliaro a revêtu son justaucorps. « La gymnastique est un sport qui demande beaucoup de répétition, donc de la charge de travail. Pour être performant, il faut pratiquer au moins 5 à 6 heures par jour. Et Guillaume a besoin de beaucoup travailler pour progresser et se sentir bien sur ses agrès, comme la barre fixe », raconte son entraîneur Denis Charlieux. Pour se rassurer, un gymnaste a besoin d’une forme de routine dans la répétition de ses mouvements. Le plus dur : rester concentrer pour éviter la blessure. Ici, il y a tout ce qu’il faut. En se promenant dans l’Insep, on se rend compte que l’endroit est un outil formidable pour les athlètes français. Lors des JO de Londres en 2012, 56% des médaillés tricolores venaient de l’Insep.
Si Guillaume Augugliaro ne suit pas ses études à l’Insep, il y prend des cours d’anglais. L’établissement propose trente-deux formations et a délivré cent quarante-quatre diplômes en 2014. Sport et études, c’est un des projets revendiqués par Jean-Pierre de Vincenzi, le patron des lieux.
18h30. Il est l’heure de quitter l'antre du sport national à Paris. « J’aime ce mode de vie actif. C’est ma passion. J’ai envie de réussir même si je n’ai pas le temps de faire grand-chose d’autre à côté », confesse celui qui a commencé à l’âge de 7 ans. « Le soir on rentre et on pense à se coucher tôt pour récupérer et recommencer le lendemain », narre l'athlète. Encore quelques journées à ce rythme-là avant qu'il ne s'envole pour le Brésil afin de disputer le tournoi olympique.