De notre envoyé spécial à La Pierre-Saint-Martin,
Lors de la journée de repos à Pau (lundi), le plus jeune coureur du Tour de France, 21 ans, nous confiait volontiers ses impressions. « Mon rêve s’est réalisé. Maintenant, ce sera du bonus. Je voulais venir au Tour de France et c’est fait », commence par raconter le petit grimpeur aux mollets de coq, qui découvre, les yeux grands ouverts, la grand-messe du vélo. « J’ai déjà fait des courses en France, mais rien de comparable. Je me souviendrai toute ma vie de ce départ à Utrecht (Pays-Bas), du monde et de mes compatriotes venus me soutenir. »
Voir les Champs-Elysées
Installé tranquillement à l’ombre, dans la petite cour de son hôtel aux alentours de Pau, Merhawi Kudus a désormais un seul souhait : rallier Paris. Son sourire est presque communicatif. Sa joie de vivre toujours intact. « C’est mon objectif principal. Je veux connaître la ferveur des Champs-Elysées. » C’est même plus important que de « gagner une étape » ! La personnalité de Kudus est rafraîchissante dans ce cyclisme sophistiqué, voué au capteur de puissance où l’improvisation n’existe plus.
Merhawi Kudus savait ce qui l’attendait dans la plus grande course du monde. Mais il reste surpris par la vitesse du peloton et par la ferveur sur le bord de la route. Et le maillot de meilleur grimpeur de Daniel Teklehaimanot a amplifié son sentiment. Il n’a jamais autant « parlé à la presse ». Pourtant, Kudus avait déjà eu l’occasion de découvrir un Grand Tour en Espagne l’an dernier. « Mais c’était moins dur lors de la première semaine et surtout moins médiatisé », dit-il. L’intimé et le Tour, c’est incompatible.
Un gros potentiel
« C’est ma deuxième année dans le peloton et je continue à apprendre », avoue Kudus qui sait que sa mère, qui vit en Erythrée, est très inquiète pour lui. « Elle a peur que je sois pris dans une chute grave. Mais elle contente de me voir à la télé. » Kudus est en effet une « grande star » au pays.
Mais le jeune homme n’a pas abordé son premier Tour dans les meilleures conditions. Il n’a couru que deux courses en juin. Il ne semble cependant pas inquiet et espère se montrer quand la route s’élèvera. Né à Asmara, la deuxième capitale la plus élevée d’Afrique (2 300 m d’altitude), Kudus, formé au Centre mondial du cyclisme à Aigle en Suisse, est un pur grimpeur. « Il a le potentiel pour devenir un leader du cyclisme africain », affirme Jean-Jacques Henry, son entraîneur à l’époque.