Visages impénétrables garnis d’une barbe fraîchement taillée, tenue décontractée, assis sagement au second rang du banc des prévenus, les deux grands gaillards du hand tricolore se sont fait quelque peu oublier en 48 heures.
Leurs seuls gestes sont ceux de tendresse et de réconfort pour leurs compagnes, Jennifer Priez et Géraldine Pillet, passées sur le gril du président et du procureur hier. Si Luka Karabatic n’a pas dit un mot à la presse lundi, Nikola, lui, a confié à la forêt de micros et de caméras sa sérénité et sa hâte d‘en finir avec trois années de suspicion qui ont abîmé son image et l’ont contraint à quitter Montpellier au printemps 2013 pour Aix-en-Provence puis Barcelone. La stratégie procédurière de leurs avocats, qui ont plusieurs fois essayé d’obtenir le renvoi de l’affaire, n’était pas franchement la leur. Ils sont là pour s’expliquer, et ce sera cet après-midi.
Application de paris sur le smartphone
Mais si les deux joueurs sont renvoyés pour escroquerie, leurs défenses sont différentes. L’un reconnaît les paris, l’autre non. Luka Karabatic a été identifié le 12 mai 2012 vers 10h du matin dans un bar-tabac du XXe arrondissement de Paris en train de miser 3900 euros, malgré son contrat avec Montpellier lui interdisant de parier. Une entorse à l’éthique qualifiée de « bêtise d’enfant » par son défenseur, Me Phung, mais qui n’aurait pas dû dépasser le stade des sanctions disciplinaires.
Pour Nikola, c’est la négation en bloc. Une position confortée hier par Géraldine Pillet qui a affirmé ne jamais l’avoir informé de son intention de parier. Mais le double champion olympique n’est pas à l’abri de questions embarrassantes : pourquoi ce retrait inhabituel, trois jours avant le match, de 1500 euros, soit la somme exactement détenue et misée par sa compagne ? Que faisait cette application de paris sur son smartphone, lui qui jure ne jamais jouer ? Loin de soulever le moindre doute sur ses intentions, l’accusation va même jusqu’à le considérer comme l’une des têtes pensantes du stratagème. Ses défenseurs, eux, dénoncent, une volonté à tout prix d’incriminer une figure emblématique du sport français.