Avec 87 joueurs de moins de 25 ans, la vieille Copa America constitue une belle vitrine pour la jeune génération de joueurs sud-américains. Certains n’en ont guère besoin, à l’image de Neymar et James Rodriguez, qui n’ont plus rien à prouver malgré leurs 23 ans. D’autres aimeraient bien suivre leurs pas. RFI en a choisi cinq qui, tout en ayant déjà acquis une certaine notoriété, y compris en Europe, attendent toujours la consécration que peut leur offrir leur équipe nationale
Le lourd héritage d’Erik Lamela
Pour un joueur offensif argentin, la vie n'est jamais bien simple en équipe nationale. Comment, en effet, percer dans une équipe qui empile les stars en attaque, des joueurs aussi exceptionnels que Lionel Messi, Sergio Agüero, Gonzalo Higuain ou Angel Di Maria...
A 23 ans, "Coco" Lamela connaît bien le problème. Issu du prestigieux centre de formation de River Plate, capable de jouer aussi bien en attaque qu'en meneur de jeu voire en milieu droit, ce jeune prodige avait hérité à 18 ans seulement du prestigieux maillot numéro 10 porté jusque-là par Ariel Ortega. Remarqué à 12 ans seulement par le FC Barcelone, ses parents n'ont pas voulu pour lui un destin d'enfant exilé à la Messi. Mais l'appel du large, amplifié à mesure que ses performances avec River attiraient les recruteurs, a fini par être trop fort...
Transféré à la Roma à l'âge de 19 ans pour la somme très respectable de 18 M€, il rejoint deux ans plus tard Tottenham pour 30M€. Une belle plus-value pour la Roma et un statut remarqué de plus cher transfert de l'histoire du club londonien qui placent le jeune joueur sous les projecteurs. Mais le club ne parvient pas à se hisser dans le Big Four et Lamela attend toujours le saut qualitatif qu’il espérait en rejoignant la Premier League. Quart de finaliste au Mondial des moins de 20 ans en 2011, Erik Lamela est régulièrement conviqué chez les A depuis l’âge de 19 ans, essentiellement pour des matches amicaux. Entré en remplacement d’Ezequeil Lavezzi pour le dernier match de préparation de l’Argentine face à la Bolivie (5-0), Lamela savoure sa présence dans la liste de 23 pour sa première grande phase finale avec l’Argentine.
Bien sûr, il sait que ses minutes seront comptées, sauf blessure d’un titulaire, mais rien que sa présence parmi certains des meilleurs joueurs offensifs du monde le conforte comme un très solide espoir du foot argentin.
Fabinho, le Prince prendra-t-il le pouvoir ?
Le poste d’arrière latéral a depuis toujours été une des grandes spécialités du foot brésilien. Depuis les années 60, avec Nilton Santos, jusqu’à nos jours avec Marcelo et Daniel Alves, en passant par les icônes que furent Junior, Carlos Alberto, Cafu ou Roberto Carlos, le poste a toujours été bien occupé. Le forfait de Danilo offre une grande opportunité à celui que beaucoup voient comme son successeur, le jeune Monégasque Fabinho.
Formé à Fluminense, à Rio de Janeiro, Fabio Henrique Tavares a fait le grand saut vers le football européen dès l’âge de 18 ans, avant même d’avoir fait ses débuts en équipe première avec son club d’origine. Recruté par Rio Ave au Portugal, prêté d’abord au Real Madrid puis à Monaco, le joueur n’a pas tardé à s’imposer comme une des valeurs sûres de l’ASM, qui lui a fait signer un contrat de quatre ans juste avant son départ pour préparer la Copa America.
L’arrivée en équipe nationale de l’arrière droit monégasque s’inscrit dans le renouvellement lancé par Dunga depuis l’échec de la Seleçao dans le Mondial 2014. Mécontent avec Maicon, un autre ancien Monégasque écarté de l’équipe nationale, le nouveau sélectionneur a confié le poste à Danilo, fort de ses très bonnes performances avec Porto. Appelé comme doublure, c’est depuis le banc de touche que Fabinho a honoré ses premières convocations chez les A, face à l’Equateur, la France et le Chili. Entré en jeu une première fois contre le Mexique, titularisé contre le Honduras, dans le dernier match de préparation à la Copa America, Fabinho se retrouve désormais en première ligne après le forfait de Danilo, même si Daniel Alves viendra renforcer l’équipe au dernier moment.
Michael Hector, un Reggae Boy venu d’Angleterre
L’inattendue présence de la Jamaïque dans cette Copa America pourrait surprendre mais elle finalement assez logique. Depuis 1993, la Confédération sud-américaine a pris l’habitude d’inviter deux équipes d’autres zones, principalement la voisine Concacaf. Si le Mexique ne manque jamais le rendez-vous, les Etats-Unis, le Honduras, le Costa Rica et même le Japon ont déjà pointé le nez dans la Coupe sud-américaine des nations. Les Reggae Boyz, invités en tant que champions de la Caraïbe, ont donc fait le déplacement avec une majorité de joueurs nés en… Grande-Bretagne, coachés par un sélectionneur allemand, Winfried Schäfer.
Dans cet attelage plutôt exotique pour une Copa America, le défenseur central Michael Hector sera particulièrement exposé, avec comme clients les redoutables attaquants de l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay. A 22 ans, ce joueur né à East End, dans la banlieue de Londres, a une opportunité unique de se faire remarquer. Evoluant à Reading, en Deuxième Division anglaise, dont il est un des meilleurs atouts, fils d’une star du cricket, Hector a vu soudainement son destin basculer en choisissant la Jamaïque, le pays de ses grands-parents, plutôt que l’Angleterre. Appelé de la dernière heure, il attend avec impatience ses débuts samedi face à l’Uruguay d’Edinson Cavani. En attendant de croiser Lionel Messi une semaine plus tard !
Giorgian De Arrascaeta, le petit mage uruguayen
En France, Giorgian De Arrascaeta n’est pas totalement inconnu. Lors de la finale du Mondial des moins de 20 ans, il y a deux ans, en Turquie, le petit meneur de jeu uruguayen a fait parti de ceux qui ont manqué leurs tirs au but, permettant à la France de remporter le trophée. Malgré cet échec, le joueur au nom imprononçable a laissé une très belle image dans ce tournoi, inscrivant deux buts et participant à l’élimination de certains des favoris comme le Nigeria ou l’Espagne…
Fils d’un boulanger de la petite ville de Nuevo Berlin, De Arrascaeta, formé depuis l’âge de 15 ans au Defensor Sporting de Montevideo, possède déjà, à 21 ans seulement, une jolie carte de visite. Considéré comme la plus belle promesse de son pays, ses performances dans les équipes nationales et avec son club ont vite attiré de nombreux recruteurs malgré la décision, un peu étonnante, du sélectionneur Oscar Tabarez de ne pas l’amener au Mondial brésilien.
C’est finalement le double champion du Brésil, Cruzeiro, que le jeune milieu de terrain d’origine basque a rejoint cette année, avant le grand saut vers le football européen. En attendant, celui qui n’a été titularisé qu’une fois chez les A attend avec impatience de faire ses débuts à la Copa America dont l’Uruguay est le tenant du titre. L’occasion, peut être, d’inscrire son étrange nom dans l’histoire de la Céleste.
Le Mexique croit en Jesus Corona
Meilleur joueur du Tournoi Espoir de Toulon il y a deux ans, Jesus Corona a depuis tenu ses promesses. Titulaire avec le Mexique à la Coupe du monde des moins de 20 ans en Turquie la même année, il quitte dans la foulée le club de Monterrey pour rejoindre le FC Twente. Devenu incontournable, le jeune attaquant a signé 9 buts en championnat cette saison. C’est d’ailleurs face aux Pays-Bas qu’il fit ses grands débuts en équipe nationale en novembre dernier, offrant dès son premier match une passe décisive à Carlos Vela.
Il sait que sa présence en Copa America doit beaucoup au choix de son sélectionneur Miguel Herrera de mettre sur pied deux équipes différentes pour honorer sa participation aux deux grands tournois de sélection que le Mexique doit disputer cet été, puisqu’en plus de la Coupe sud-américaine, où ils participent en tant qu’invités, les Mexicains doivent aussi disputer la Gold Cup, la Coupe des nations de la Concacaf pour laquelle Herrera a retenu ses meilleurs éléments.
Peu importe, à 22 ans cet attaquant qui n’hésite jamais à prendre des risques et à tenter parfois les gestes les plus difficiles, sait que cette Copa America constitue une formidable vitrine dont il entend bien profiter.