Football : FC Barcelone-Juventus Turin, destins croisées

La finale de la Ligue des champions 2015 opposera samedi 6 juin, à Berlin, le FC Barcelone à la Juventus Turin. Entre le jeu brillant de l'équipe espagnole, porté par le trio d’attaque Messi-Suarez-Neymar, et la maîtrise tactique des Italiens, la tendance semble nettement favorable au Barça qui vise une cinquième couronne continentale. Mais derrière ces deux grandes équipes européennes se nichent des aventures individuelles qui donnent toute sa saveur à ce rendez-vous tant attendu.

Carlos Tevez - Javier Mascherano, comme on se retrouve

Difficile de trouver des destins aussi liés que ceux de Javier Mascherano et de Carlos Tevez, deux des Argentins qui seront sur la pelouse de l'Olympiastadion. Nés tous deux en 1984, à quelques mois d'intervalle, ils ont d'abord pris l'habitude de se croiser à l'occasion des rudes super-clasicos du Championnat d'Argentine. Le « Jefecito » Mascherano portait fièrement le maillot de River Plate alors que l'« Apache » enflammait les supporters de Boca Juniors. Adversaires sur la scène locale, les deux jeunes joueurs sont unis très vite sous le maillot argentin. Tous deux participent ainsi activement au succès de leur pays au tournoi olympique d'Athènes, sous les ordres de Marcelo Bielsa.

Leurs destins se trouvent très vite encore plus étroitement liés avec l'entrée en scène dans leurs vies d'un homme d'affaires irano-britannique, « Kia » Joorabchian, qui en 2004 décide d'investit dans un des clubs brésiliens les plus populaires, Corinthians, par le biais de la société Media Sports Investments (MSI). But de la manœuvre : aider le club à se hisser au sommet du football sud-américain grâce à la venue de grands joueurs et profiter de ce tremplin pour ces transférer ces grands joueurs en Europe et, notamment, en Angleterre.

Le projet tournera court sous fond de scandale judiciaire, mais Carlos Tevez et Javier Mascherano, se retrouvent dans une drôle de situation. Ils n’appartiennent pas au club brésilien mais à MSI. Cette société décide de les céder en 2006 à West Ham, un club londonien. Un double transfert taché de scandale encore une fois. Le recours à ce genre d'intermédiaire est interdit dans le football anglais. Pour Mascherano et Tevez, l'heure de la séparation arrive. Mais ils se retrouvent bien vite face à face dans deux des clubs les plus emblématiques d’Angleterre. C'est Liverpool pour le « Jefecito », Manchester United (puis Manchester City) pour l'« Apache ».

Le départ de Mascherano pour le FC Barcelone en 2011, qui s'ajoute à la disgrâce de Tevez avec l'équipe d'Argentine la même année, semble éloigner définitivement ces deux joueurs quasiment inséparables. Réunis à nouveau depuis quelques mois en équipe d'Argentine, après l'arrivée au pose de sélectionneur de Tata Martino, les deux hommes seront à nouveau face à face plus de cinq ans après leur dernier duel dans le championnat anglais...

Le clasico personnel d'Alvaro Morata

On le sait, Alvaro Morata a trouvé ses marques à Turin. L’Espagnol est venu chercher du  temps de jeu en Italie. Il était en effet bridé au Real Madrid, son club formateur, par l'inamovible trio offensif Bale-Benzéma-Cristiano Ronaldo. Ce changement d'air a transformé l'éternel remplaçant madrilène en un des meilleurs attaquants européens de la saison Morata en aussi profité pour intégrer l’équipe nationale d’Espagne. On sait aussi que deux buts de Morata en demi-finale de la Ligue des champions, un à l'aller, l'autre au retour, ont porté la Juventus en finale aux dépens... du Real Madrid. Désireux de ne pas fermer la porte à un éventuel retour à Madrid, le jeune attaquant de 22 ans avait évité de fêter trop ostensiblement ses deux buts.

Pour lui, la finale sera sans doute bien plus facile à vivre. Il sait qu'un nouvel exploit face au Barça ferait remonter sa cote non seulement en Lombardie mais aussi à Madrid. Du coup, c'est un clasico (surnom donné aux matches entre le Real Madrid et le FC Barcelone, Ndlr)  très personnel qu'il va disputer à Berlin. Presqu’une première. Le seul vrai clasico qu'il ait joué jusqu'à présent remonte à mars 2013, sous la direction de José Mourinho.

Euro 2012: un air de revanche

La dernière grande finale italo-espagnole remonte au 1er juillet 2012. Ce soir-là, dans une Ukraine encore en paix, l'Espagne, championne du monde 2010, bat l’Italie, championne du monde 2006, par un humiliant 4 à 0. Trois ans après, onze des joueurs qui avaient disputé cette finale pourraient se retrouver sur la pelouse de l'Olympiastadion: six Espagnols et cinq Italiens. L'égalité serait même parfaite si Giorgio Chiellini n'avait pas dû déclarer forfait dans le camp de la « Juve ».

Il y aura donc un petit air de revanche, notamment du côté transalpin, avec Gianluigi Buffon, Leonardo Bonucci, Andrea Barzagli, Andrea Pirlo et Claudio Marchisio, bien désireux de jouer un mauvais tour à leurs bourreaux de l'époque, les Gerard Piqué, Jordi Alba, Andrés Iniesta, Xavi Hernández, Sergi Busquets et Pedro Rodríguez.

Evra et sa cinquième finale

Patrice Evra disputera ce 6 juin 2015 à Berlin sa cinquième finale de Ligue des champions, ce qui le place juste derrière le recordman en la matière, l'Italien Paolo Maldini. Le Français s'apprête à rejoindre, avec sa cinquième finale, les Néerlandais Clarence Seedorf et Edwin van der Sar, deux retraités. Une performance exceptionnelle d'autant qu'il a atteint ces finales sous trois maillots différents.

La belle aventure a démarré le 26 mai 2004, avec le dernier club français à avoir disputé une finale de Ligue des champions, Monaco, battu à Gelsenkirchen par le FC Porto sur un cinglant 3-0.
Titulaire à Monaco, Evra l'était aussi quatre ans plus tard avec Manchester United, pour son seul succès en finale. Le 21 mai 2008, à Moscou, l'équipe d'Alex Ferguson battait en effet Chelsea aux tirs-au-but, après un score de 1-1. Le Français disputa également la totalité de ses deux finales perdues face à Barcelone, le 27 mai 2009 à Rome (0-2), puis le 28 mai 2011 à Wembley (1-3). Pour la troisième fois il verra face à lui l’Argentin Lionel Messi et compagnie, avec l'espoir cette fois d'en venir à bout!

Un parfum de Copa America

Si pour beaucoup de joueurs la soirée berlinoise aura un petit air de vacances, pour sept des possibles finalistes ce match ne sera qu’une répétition avant la Copa America qui commencera six jours plus tard au Chili. Ce sera le cas pour les deux Chiliens, Arturo Vidal (Juventus) et Claudio Bravo (Barcelone), même si ce dernier sera en principe sur le banc des remplaçants. Il y aura aussi quatre Argentins, deux du côté de la Juventus (Carlos Tévez et Roberto Pereyra), et deux du côté du Barça (Javier Mascherano et Lionel Messi). Enfin, le Brésilien Neymar sera également du voyage en Amérique du Sud...

Une très longue saison pour ces joueurs qui étaient déjà pour la plupart au Brésil l'été dernier, lors de la Coupe du monde, et qui verrons leurs vacances repoussés, pour les meilleurs d'entre eux, jusqu'à début juillet.

 

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