Joseph Blatter a été réélu président de la Fédération internationale de football (Fifa) il y a trois jours. Pourtant la tempête continue de balayer la Fifa. Cinq jours après l’arrestation de plusieurs personnalités du football par la justice suisse, les révélations continuent en effet de s’enchaîner concernant l’attribution des Coupes du monde 2010, 2018 et 2022, notamment.
L’aveu le plus significatif est venu d’Afrique du Sud. Danny Jordaan, le président de la Fédération sud-africaine (Safa), a en effet reconnu que son pays avait bel et bien versé 10 millions de dollars à la Concacaf, la Confédération d'Amérique du Nord, centrale et Caraïbes, en 2008. Mais il ne s’agissait pas d’un bakchich pour obtenir l’organisation du Mondial 2010, jure le patron de la Safa. Cet argent, toujours selon l'intéressé, a été déduit des 100 millions de dollars d’aide versés par la Fifa à l’Afrique du Sud. Ces 10 millions devaient alimenter un fond de développement de la Concacaf. « Comment aurions-nous pu payer un pot-de-vin pour des voix quatre ans après avoir été choisis ? », a interrogé Danny Jordaan dans les colonnes du journal Sunday Independent.
La justice américaine, qui a inculpé 9 dirigeants et/ou cadres actuel ou passé du football le 27 mai, a entre autre accusé l’Afrique du Sud d’avoir acheté trois voix pour obtenir l’organisation de la Coupe du monde 2010.
Auditions attendues concernant les Mondiaux 2018 et 2022
La Suisse, où se trouve le siège de la Fifa, s’intéresse de son côté à l’attribution des Coupes du monde 2018 et 2022. La justice locale souhaite auditionner les membres du Comité exécutif qui ont désigné la Russie et le Qatar comme pays hôte en 2010, et qui sont toujours en place. Sept personnes sont concernées : Issa Hayatou (Cameroun, président de la Confédération africaine), Angel Miguel Villar Llona (Espagne), MichelD'Hooge (Belgique), Senes Erzik (Turquie), Marios Lefkaritis (Chypre), Hany Abo Rida (Egypte) et Vitaly Mutko (Russie). Joseph Blatter, le président de la Fifa, et Michel Platini, le président de l’Union des associations européennes de football (Uefa), sont résidants suisses et devraient donc être entendus ultérieurement.
Les enquêteurs helvétiques vont tenter de déterminer si, comme l’ont indiqué les médias anglo-saxons à plusieurs reprises, des membres du Comité exécutif – le gouvernement de la Fifa – ont voté pour la Russie et/ou le Qatar contre de l’argent. La Fifa elle-même avait déposé une plainte le 18 novembre dernier.