Nul n’est prophète en son pays, dit le proverbe. Heureusement pour lui, l’entraîneur de basket-ball David Blatt a deux pays. Les Etats-Unis, où il est né en 1959 mais qui le découvrent réellement depuis juin 2014. Et surtout Israël où il s’est installé au début des années 1980 et s’est révélé aux yeux du basket européen.
Sur le Vieux Continent, David Blatt, 55 ans, a tout remporté ou presque. L’Euroligue, la plus prestigieuse compétition européenne de clubs, gagnée en 2014 avec le Maccabi Tel Aviv. Et surtout le Championnat d’Europe des nations (Eurobasket) 2007 avec la Russie, son autre pays d’adoption. Il a également décroché la médaille de bronze aux Jeux olympiques 2012 avec la sélection russe, ainsi que le même métal lors de l’Eurobasket 2011.
David Blatt danse avec les stars
Aux Etats-Unis, ce CV bien fourni laisse toutefois les observateurs circonspects lorsque David Blatt est nommé entraîneur des Cavaliers de Cleveland, en juin dernier. Blatt, qui n’a jamais réussi à intégrer la NBA en tant que joueur, peut-il y réussir en tant qu’entraîneur ? Le scepticisme est de mise. D’autant que l’Israélo-Américain doit rapidement cohabiter avec le meilleur basketteur au monde.
L’arrivée de David Blatt dans l’Ohio (Nord-Est du pays) coïncide en effet avec le retour de LeBron James, l’enfant prodige. Après quatre saisons au Heat de Miami et deux titres de champion (2012 et 2013), l’ailier superstar de la NBA veut être sacré avec l’équipe de ses débuts dans la ligue (2003-2010). James est rapidement rejoint par des joueurs expérimentés et/ou talentueux comme Kevin Love, Shawn Marion, Mike Miller. Blatt se retrouve donc propulsé à la tête d’un groupe de vedettes aux égos surdimensionnées.
David Blatt se compare à un pilote de chasse
Malgré ce beau casting, les premiers mois sont délicats. Plusieurs joueurs se blessent et le courant passe difficilement entre David Blatt, le petit nouveau débarqué d'Europe, et LeBron James. En mars, la mayonnaise semble commencer à prendre et l’ex-coach de la Russie est même désigné entraîneur du mois dans la Conférence Est.
Mais David Blatt se ridiculise largement par la suite, lors des play-offs, face aux Bulls de Chicago. Le 10 mai dernier, en demi-finale de Conférence, alors que les Cavaliers sont en mauvaise posture, Blatt perd son sang-froid et demande un temps mort aux arbitres alors qu’il n’y a plus le droit. Ces derniers ne le remarquent pas et Cleveland gagne 86-84 le match égalisant ainsi à 2 manches partout. Heureusement pour lui, car ce type d’erreur est normalement sanctionné. « J’ai failli tout gâcher », admet l’intéressé, avant d’établir une comparaison osée, pour se défendre : « Un entraîneur de basket-ball prend 150 à 200 décisions cruciales au cours d’un match. Une situation qui, je pense, est seulement vécue par un pilote de chasse. »
LeBron James snobe David Blatt
Les médias américains se demandent surtout qui pilote l’avion. A la toute fin de ladite rencontre, LeBron James a en effet rejeté les consignes tactiques de l’entraîneur. Il a pris le tir décisif et permis à Cleveland de gagner. « J’ai dit au coach "donnez-moi le ballon. Soit on va en prolongation, soit je nous fais gagner le match" », a ensuite expliqué James. Avant d’ajouter, un peu plus diplomatiquement : « Les joueurs font des erreurs, les entraîneurs font des erreurs et on doit pouvoir se couvrir les uns les autres. »
Aujourd’hui, les Cavaliers sont de retour en finale de la Conférence Est pour la première fois depuis 2009 mais les observateurs continuent de s’interroger : David Blatt a-t-il vraiment joué un rôle central dans ce retour au premier plan ? Pour Magic Johnson, l’ancien meneur de jeu des Lakers de Los Angeles, la réponse est claire. « Coach Blatt est béni d’avoir le meilleur joueur, LeBron James, en tant que leader de l’équipe et entraîneur sur le terrain ! »