Judo: Gévrise Emane, une sacrée championne

Médaillée de bronze aux Jeux olympiques de Londres en 2012, Gévrise Emane vise désormais l’or olympique à Rio au Brésil en 2016. Samedi, la Française née au Cameroun sera au Tournoi de Tbilissi samedi 21 mars en Géorgie et commencera sa course à la qualification dans la catégorie des mois de 70 kilos. Portrait d’une athlète d’exception qui va nous faire vivre sa préparation jusqu'aux JO.

La passion l’emporte souvent sur la raison. À 32 ans, Gévrise Emane a tout connu et pratiquement tout gagné. Mais il lui reste encore du souffle pour atteindre le Graal : l’or olympique. Pourtant, des breloques, elle en a déjà pas mal autour du cou. Elle est double championne du monde, quadruple championne d’Europe et médaillée de bronze aux Jeux olympiques.

Une tête bien faite

L’été dernier, après avoir été non-sélectionnée pour les Mondiaux à Chelyabinsk (Russie), Gévrise Emane s’est accordée trois semaines de vacances pour faire le point. « Je me suis posée et j’ai réfléchi à ce que je voulais faire. Une fois que la décision a été prise, c’était parti », lance la native de Yaoundé qui est arrivée en France à l’âge de deux ans. Le judo, c’est une grande partie de sa vie et on ne lâche pas aussi facilement un sport qui vous a tant donné.

Les tatamis, Gévrise Emane les a découverts à l’âge de treize ans au collège. Son professeur de sport est aussi prof de judo. Il l’enrôle dans les compétitions scolaires par équipe et la voilà qui aligne les victoires. « Ça m’a plu, on partait souvent en déplacement en France et les résultats étaient là », se souvient-elle. Du coup, elle décide de s’inscrire dans le club de sa ville avec sa petite sœur. « C’est comme ça que l’aventure a commencé ».

Une aventure qui lui a appris la solidarité, le goût de la vie en communauté et de la compétition. Une aventure qui lui a aussi permis de canaliser son énergie elle qui était une petite fille « turbulente ». La pratique de ce sport né il y a trois siècles lui a aussi « donné une certaine assurance dans le quotidien ». « On prend du recul par rapport à ce qui se passe et ça donne une certaine 'niaque' », dit-elle en se remémorant ses examens universitaires. « J’arrivais assez détendue par rapport aux autres. Ils me disaient : ' t’as pas l’air stressée '. Moi je rentrais du Japon où des filles ne pensaient qu’à me briser sur le tatami donc je me disais ' ça va aller ' ». Éclat de rire.

Un regard émerveillé sur le sport

Gévrise Emane a mis du temps à se voir en championne. Dans sa jeunesse, elle avait beau gagner, elle n’imaginait pas cette vie d’athlète de haut niveau. « J’ai commencé à réaliser au moment où je suis arrivé à l’Insep en 2001. Là, je me suis dit que je pouvais exceller dans ce sport. Ça m’a pris un an pour comprendre la chose ». Il faut dire que ses parents, dont son père diplomate, n’ont jamais poussé la gamine. « Ils m’ont suivie et observée souvent à distance. Des fois d’un peu plus près, mais toujours avec justesse. Ils ne m’ont jamais étouffée. Ils voulaient juste que je m’épanouisse dans ce que je faisais, raconte-t-elle. Quoi qu’il se passe, ils me disent qu’ils seront toujours là ».

C’est certain, Gévrise Emane a évolué depuis ses débuts. Mais elle a toujours essayé de garder du plaisir dans ce sport parfois « répétitif » et « rébarbatif ». « Il faut de l’engagement, de l’impact et une certaine volonté pour faire ce sport. À chaque fois que je n’ai pas pris de plaisir, ça n’a pas marché ».

Son adrénaline se résume à la passion et quelque part à l’enchantement. Gévrise Emane a toujours regardé le sport comme un rêve éveillé. « Je suis admirative de ceux qui vont se dépasser, aller chercher le dernier saut, le dernier lancer, la technique qui va faire que tu l’emportes à la dernière seconde. Aujourd’hui, je suis étonnée devant les sportifs qui réalisent des trucs de dingue », explique-t-elle. Elle a toujours regardé les Jeux olympiques avec émerveillement.

Avec son tempérament explosif, sa tête bien faite et son palmarès exceptionnel, Gévrise Emane est lancée dans l’aventure des JO de Rio 2016. Aujourd’hui, une course contre-la-montre commence pour décrocher sa qualification.

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