RFI : Deux jours après votre défaite, comment vous sentez-vous ?
Jean-Marc Mormeck : Je suis à la retraite, tout va bien (rires) ! Non, sincèrement, j’ai mal dormi. Après un combat, il y a toujours beaucoup de douleurs. Après une défaite, elles sont deux fois plus lourdes. Mais ça va s’arranger petit à petit.
Après ce combat, vous gardiez le sourire. Mais avec un peu de recul, êtes-vous déçu ?
Honnêtement, il n’y a aucune déception. Sans mentir, je me sens bien. Comme je l’ai dit vendredi soir, après le résultat, je suis content de mon combat. J’ai tenu dix rounds face à un jeune (de quinze ans son cadet), sans mettre un genou à terre. Comment pourrais-je avoir des regrets ? J’ai tout donné, il faut saluer mon adversaire.
Les éloges pleuvent depuis ce dernier combat. Comment les accueillez-vous ?
C’est une belle reconnaissance. Quoi qu’en disent certains, lorsqu’on fait un sport de haut-niveau, on cherche forcément à être aimé. Sur Facebook, sur Twitter ou dans la presse, tout le monde a été unanime. J’ai reçu des centaines de SMS, que des choses positives. On me soutenait également dans mes propos, notamment sur la nécessité de rajeunir la boxe.
Justement, vous avez eu des propos durs vis-à-vis de la Fédération française en parlant d’une « maison de retraite »…
Je ne les regrette pas, je ne pratique pas la langue de bois. C’est une maison de retraite, je le répète. J’ai parlé sincèrement. Ça fait longtemps que je le pense et que je le dis. On change de président, on multiplie les rapports, mais rien ne change. Est-ce que l’on entend beaucoup parler de la boxe en France, en-dehors d’un événement comme vendredi ? Pourtant, on a de jeunes et bons champions. Le provient vient donc de quelque part.
Allez-vous vous présenter à la présidence de la Fédération ?
Je vais y postuler. Ces jeunes ont besoin d’être aidé. Il faut convaincre les diffuseurs et créer un spectacle. Il y a un vrai public pour la boxe. Même si je doute être élu, je vais me battre. Je reste un homme de défi. C’est ce qui me fait vivre.
Quelles images retenez-vous de votre carrière ?
Premièrement, je pense à la première coupe que j’ai remportée : le Challenge du premier round, lorsque je combattais chez les amateurs. J’ai toujours le trophée à la maison. Mon père voulait que je devienne champion de France. Moi, je rêvais d’être champion du monde. J’ai vraiment vécu des choses incroyables.
Imaginiez-vous remporter six ceintures mondiales ?
La boxe, c’est ma passion, un rêve de gamin. Mais jamais je ne pensais atteindre un tel niveau. J’ai réactualisé la boxe en France, j’en suis fier. Tout ce que j’ai annoncé, j’ai réussi à le faire, sauf ce dernier combat au Grand Palais (à Paris, en cas de succès face à Masternak pour disputer un dixième championnat du monde). J’ai combattu à New-York, au Madison Square Garden, à Los Angeles, j’ai voyagé dans le monde entier, j’ai obtenu plusieurs ceintures, je les ai réunifiées, j’ai gagné la ceinture du Ring Magazine (en 2005). J’ai vécu des moments incroyables.
Avez-vous prochainement d’autres envies ?
La boxe n’est pas terminée, je compte m’occuper de la relève et organiser des compétitions. Et dès demain matin (lundi), je vais m’entraîner et courir. J’ai fait un pari : terminer une course de 10 km en 42 minutes. Et je pense y arriver.