De notre envoyé spécial en Turquie,
Visage émacié et bronzé, crane rasé et barbe de trois jours, Davide Rebellin est assis tranquillement au fond de l’avion qui l’emmène à Antalya, non loin du premier départ du Tour de Turquie. Malgré ses 42 ans, un âge très avancé pour le sport de haut niveau, l’homme semble serein. Il accepte même une discussion de plus d’une heure sur le cyclisme : son métier, sa vie.
Il pourrait être le père d’un coureur actuel du peloton
Vingt-deux ans séparent Davide Rebellin d’un autre favoris de ce 50e Tour de Turquie, Merhawi Kudus. Et le coureur Erythréen qui pourrait bien succéder à son compatriote Natnael Berhane, vainqueur sur tapis vert l’an dernier, devra bien se méfier de Rebellin, de sa motivation et de son expérience.
« Je veux continuer à faire ce métier tant que je prends du plaisir à l’entraînement », raconte Rebellin qui avoue avoir fait des sorties très longues pour préparer l’Amstel Gold Race. Près de 8 heures de vélo. « Mais contrairement à avant, je dois me reposer plus derrière », glisse-t-il, le visage marqué, même si ses rides n’altèrent en rien ses capacités physiques.
Ses derniers résultats plaident en sa faveur : septième de la Flèche brabançonne et 13e de l’Amstel Gold Race, chaque fois non loin du vainqueur Philippe Gilbert, un de ses compagnons d’entraînement à Monaco, son lieu de résidence.
« Treizième à l’Amstel, ce n’est pas mal, compte tenu du manque de courses de préparation et sans avoir participé à une grande classique depuis 2009 », a réagi Davide Rebellin à l’issue de a course. Vainqueur il y a cinq ans de la Flèche wallonne et auteur il y a dix ans du premier triplé de l’histoire, Amstel-Flèche-Liège dans les classiques ardennaises, l’ancien coureur de l’équipe allemande Gerolsteiner n’a plus souvent accès aux épreuves du World Tour.
Ma passion pour le cyclisme est intacte
« J’aurais aimé disputer aussi la Flèche wallonne et Liège-Bastogne-Liège cette année (courses réservées aux équipe ProTour). Mais le Tour de Turquie tombe à point nommé dans le déroulement de la saison, vu la forme que je tiens en ce moment. Je ne connais pas cette course mais je pense qu’elle me peut me convenir. Ma passion pour le cyclisme est absolument intacte et je prends un immense plaisir à découvrir des épreuves et des pays où je n’avais pas l’occasion d’aller quand je courais en ProTour ». Ces deux dernières années, il a remporté le Sibiu Cycling Tour, en Roumanie, deux étapes du Szlakiem Grodow Piastowskich, en Pologne, le Tour du Gévaudan, en France, et une étape du Tour de Slovaquie.
Rebellin parle de son sport comme d’une religion. Ce fervent catholique, connu pour sa politesse et son sens du respect porte un regard presque nostalgique sur son passé et ses 22 années de cyclisme. « Le vélo est moins populaire en Italie et à part Vicenzo Nibali, la relève tarde à venir », juge celui qui ne refuse jamais qu’un coureur amateur partage quelques kilomètres d’entraînement avec lui. « C’est flatteur d’être encore reconnu. D’ailleurs j’avais pas mal de gens qui m’encourageait en France », relate celui qui a participé à deux Grandes Boucles.
L’an prochain, Rebellin ne sait pas encore s’il sera toujours coureur. Mais il a l’intention de rester dans le milieu en organisant des stages pour cyclo-sportifs du côté de Perpignan. En attendant, le public turc qui n’a pas vraiment la culture du vélo pourrait bien découvrir l'Italien en cas de victoire finale. Comme Davide Rebellin, la notoriété n’a pas d’âge.
Un duel de sprinters et un classement général ouvert pour cette édition
Introduit sur la scène cycliste comme « Marmara Tour » en 1963, le Tour de Turquie affiche cette année le slogan « 50 ans de passion cycliste », qui se traduiront par huit étapes, entre Alanya et Istanbul. Le Tour de Turquie demeure la seule épreuve cycliste internationale réunissant deux continents – de fait en une seule étape, le dernier jour à Istanbul, avec le franchissement magique du Bosphore.
En bordure de la Méditerranée et de la Mer Egée, deux compétitions s’annoncent : la plus prestigieuse, entre les sprinters, qui comporte Mark Cavendish et André Greipel comme têtes d’affiche, et la plus ouverte, entre protagonistes du classement général.
Anciens coéquipiers et néanmoins rivaux au sein de l’équipe HTC-Columbia, Mark Cavendish (25 victoires sur le Tour de France) et André Greipel ont cette fois en commun d’effectuer leur retour à la compétition après une coupure, due à un refroidissement pour le Britannique après Milan-San Remo (23 mars), conséquence d’une chute et d’une fracture de la clavicule pour l’Allemand lors de Gand-Wevelgem (30 mars).
Parmi les huit Pro Teams et onze équipes Pro Continentales qui côtoient l’unique formation continentale turque, Torku Sekerspor, le champ des ambitions pour succéder à l’Érythréen Natnael Berhane (Europcar) au palmarès du TUR est très varié. Il s’étend du benjamin de l’épreuve, Merhawi Kudus (MTN-Qhubeka), au doyen, Davide Rebellin (CCC Polsat), 42 ans et demi.
Les étapes :
Dimanche 27 avril: Alanya (141 km)
Lundi 28 avril: Alanya - Kemer (175 km)
Mardi 29 avril: Finike - Elmali (185 km)
Mercredi 30 avril: Fethiye - Marmaris (132 km)
Jeudi 1er mai: Marmaris - Bodrum (183 km)
Vendredi 2 mai: Bodrum - Selcuk (182 km)
Samedi 3 mai: Kusadasi - Izmir (132 km)
Dimanche 4 mai: Istanbul (121 km)