Mondial 2014: à Rio, la hausse des prix excède les Cariocas

À quatre mois du coup d’envoi du Mondial 2014 au Brésil, les habitants de Rio dénoncent une inflation galopante et des prix de plus en plus fantasques. Ils appellent au boycott et refuse cette situation.

Bienvenue à Rio, ses plages, sa douceur de vivre et son inflation galopante. Lors du prochain Mondial, le visiteur risque de tomber de haut au moment de payer la note. Pour l'instant, ce sont les habitants eux-mêmes qui ne supportent plus cette situation. Ils en appellent carrément au boycott.

Une bière à trois euros, du jamais vu !

Depuis l’annonce de l’attribution de la Coupe du monde pour le Brésil, les Cariocas ont dû avaler plusieurs couleuvres. À commencer par la flambée des prix de l’immobilier. Avec la « pacification des favelas », il n’est pas rare que dans les quartiers voisins, les prix aient été multipliés par deux lors du renouvellement du bail. Au Brésil, aucune loi ne règlemente l’augmentation du loyer à la fin du bail.

Mieux, dans les favelas « pacifiées », des étudiants étrangers se sont installés et ont fait grimper les prix, un comble pour les habitants de ces quartiers défavorisés. Sans parler de l’accession à la propriété. Entre août 2010 et février 2012, le coût d’acquisition d’un logement à Rio a augmenté de près de 60 % en moyenne.

Comme nous l’indique Christian, un Français installé à Rio depuis 1994, les prix grimpent à la vitesse de l’éclair. « Il y a cinq ans, une caipirinha (la boisson nationale) se vendait autour d’un euro cinquante. Aujourd’hui, elle est en moyenne 30 % plus chère », explique-t-il. Un bon indice pour comprendre comment le phénomène Coupe du monde à atteint la population.

Il en va de même pour le prix de la bière. Dernier phénomène en date à Rio : sa consommation ne se fait plus dans les bars mais devant, pour protester contre la hausse du prix, jugée scandaleuse. Une bière peut désormais coûter jusqu’à 3 euros. Un prix jusq'alors inédit.

Les glacières sont de retour

Au bord de la mer le dimanche, il fut un temps où la glacière n’était utilisée que par les couches populaires. C’était même considéré comme « ringard ». Désormais, cet objet est devenu le symbole de résistance face aux prix abusifs. Pour dénoncer cette situation, une communauté d’internautes a lancé une page Facebook intitulée : « Rio $êurreal », un jeu de mots combinant « surréalisme » et « réal », la monnaie nationale. « Si tu penses que la nouvelle monnaie de Rio est le êurreal, alors adhère à la campagne " NE PAYE PAS UN PRIX SURREAL " », annonce la page.

Elle est illustrée par des faux billets de fantaisie à l'effigie de Salvador Dali, le maître espagnol du surréalisme. « Nous savons que ce sentiment d'abus sur les prix est général. S'il n'y a pas une réaction forte de la société, la tendance va empirer », affirme Daniela Name, la fondatrice du site. Comme tout augmente bien au-delà de l'inflation (5,9 % en 2013), les internautes dénoncent sur internet toutes sortes d'abus. Avec un salaire moyen de 615 euros par mois, beaucoup d’habitants de Rio se montrent de plus en plus hostiles à la FIFA qu’ils considèrent comme responsable de cette situation.

Felipe, un ingénieur de 23 ans qui vit à Brasilia a passé récemment quelques jours à Rio. Il  a pu constater l’étendue des dégâts. Il nous a raconté avoir payé un croque-monsieur quatre fois plus cher que lors de son dernier séjour. En achetant un esquimau, il a failli tomber à la renverse. Le prix a carrément été multiplié par six.

« La vraie présidente de notre pays, c'est la FIFA »

« Le Brésil va avoir honte. Le pays a d'autres priorités et nous le savons. Nous avons plus besoin de bâtir des écoles, des hôpitaux ou des prisons que des stades. On dépense beaucoup trop d'argent pour un mois de compétition », a récemment déclaré sur la radio Jovem Pam le Brésilien Rivaldo, champion du monde en 2002. L'ancien international est une voix qui compte au Brésil.

« La vraie présidente de notre pays, c'est la FIFA. Elle arrive, installe son cirque sans dépenser le moindre sou et rafle le pactole ensuite. (...) Ils se foutent de nous, nous manquent de respect et n'ont aucun scrupule », a lancé Romario, l’autre ancienne gloire du football brésilien.

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