En France, le monde de l'équitation se rebiffe

Des centaines de poneys et des milliers de cavaliers ont défilé dimanche 24 novembre à Paris pour défendre une TVA réduite sur les activités des centres équestres. Sur injonction de Bruxelles, la TVA doit passer de 7 à 20%. Cette manifestation nationale était  notamment soutenue par la Fédération Française d'Equitation (FFE).

Dans les rues de Paris, ils étaient donc des milliers de cavaliers et de poneys, venus de toute la France, pour protester contre cette hausse de la TVA de 7% à 20%. Les manifestants, souvent en famille, portaient des t-shirts frappés d'un « non à l'équi-taxe » ou de « TVA à 20% = mort du cheval ».

Depuis une dizaine de jours, le monde de l'équitation se mobilise contre cette hausse, entérinée par la publication d'un décret le 13 novembre dernier afin de mettre la France en conformité avec une directive européenne encadrant l'application des taux réduits de cette taxe.

Un sport populaire et accessible

En France, l’équitation est une activité qui s’est démocratisée depuis plusieurs années. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce n’est plus un sport de riche. Cette manifestation nationale était entre autres soutenue par la Fédération française d'équitation (FFE) qui compte actuellement plus de 700 000 licenciés. Ce qui en fait la troisième fédération sportive française derrière le football et le tennis.

En 27 ans, cette fédération à vu son nombre d’adhérents augmenté de 374%. Pour le président de la FFE, Serge Lecomte, « la France a réussi une démocratisation de l'équitation comme il n'en existe dans aucun autre pays d'Europe. Pour beaucoup de centres équestres, une telle hausse sera fatale ». Il ajoute : « Aujourd'hui, la mobilisation est réelle, nous poursuivons le dialogue avec le gouvernement et nous espérons trouver une solution pérenne qui évite de mettre notre secteur d'activité en péril. »

Le gouvernement propose la création d'un « fonds cheval »

Soucieux de répondre à l'inquiétude de cette filière, le gouvernement a proposé la création d'un « fonds cheval » et affiché son intention de renégocier à Bruxelles une TVA à taux réduit pour ce secteur.

« Nous nous battrons dans le cadre de la directive TVA pour réintroduire les centres équestres dans le dispositif de taux réduit », avait ainsi affirmé vendredi 22 novembre le ministre du Budget, Bernard Cazeneuve. Et d'ajouter : « Un fonds spécifique sera ouvert au profit des centres équestres ». Le « fonds cheval » pourrait être abondé de 20 millions d'euros, ce qui ne compenserait pas la hausse de la TVA, évaluée à environ 30 millions.

Une solution qui ne satisfait pas les responsables de la filière. « Nous ne voulons pas de subventions », dit Serge Lecomte, qui juge possible de distinguer les activités équestres liées aux paris et la pratique sportive, pour laquelle la TVA réduite pourrait être maintenue.

Des emplois en danger ?

Désormais, les responsables de la filière équestre mettent en avant la menace pour de nombreux emplois. « Deux mille centres équestres (sur les 7.000 existants) sont menacés par cette hausse et leurs 6.000 emplois », déclare Pascal Mulet-Querner, porte-parole du collectif « Equitation en péril ». Le président de la fédération française d'équitation tient de son côté à rappeler que « l'équitation est le premier employeur sportif en France ».

Valérie Fourneyron, ministre des Sports, a récemment admis « que le gouvernement est prêt à activer tous les leviers pour garantir les perspectives de la filière ». « Il faut que l'on puisse réviser cette directive TVA et pouvoir emmener d'autres pays qui n'y sont pas favorables à ouvrir légalement un taux de TVA réduit pour les centres équestres », a-t-elle précisé.

« Pour beaucoup de centres équestres, une telle hausse serait fatale », estime aujourd’hui Serge Lecomte. Et pour lui, « les riches qui pratiquent ce sport ne seront pas touchés, ils ont leurs chevaux chez eux et ne payent pas de TVA.»

Partager :