Rencontré il y a quelques jours, les protagonistes de la lutte française retiennent leur souffle. A la surprise générale, ce sport avait été mis hors-jeu en février dernier. Dimanche 8 septembre, la lutte jouera sa survie lors de la décision du Comité international olympique composé de 103 électeurs, qui trancheront entre le maintien de ce sport de combat ancestral au programme de l'édition 2020 ou son remplacement par le softball/baseball ou le squash.
« La lutte est un patrimoine historique »
« Je reste confiant car notre fédération internationale a fait un gros travail de communication et a modifié les règles techniques pour rendre la lutte plus attractive », nous déclare Alain Bertholom, le président de la Fédération française de lutte. « La lutte est un patrimoine historique très important, et nous avons des valeurs telles que la ténacité. Je crois que ce sont des arguments forts. On a des luttes traditionnelles sur tous les continents », continue-t-il.
« Avec le fonctionnement du sport français, si la lutte sort des JO, c’est une catastrophe. Nous sommes déjà une petite fédération, et si la décision ne va pas dans notre sens, nous risquons de mourir, tout simplement. Pour nous, le lutte aux JO est la seule vraie vitrine », pense Alain Bertholom. Et les lutteurs français que nous avons rencontrés tiennent des propos similaires.
A commencer par Steeve Guenot, médaillé d’or à Pékin en 2008 et médaillé de bronze à Londres en 2012. « Nous avons toujours été aux JO et on pensait être intouchables. Si nous sortons pour 2020, beaucoup de jeunes arrêteront la lutte pour faire autre chose. La lutte est un sport noble, ancestral, qui est pratiqué dans le monde entier. Quand je suis allé en stage à Cuba, les gens n’y croyaient pas. Il pensaient que c’était une blague », nous raconte celui qui a connu la médiatisation après sa première médaille olympique. Il faut préciser qu’à Cuba, les grands rendez-vous mondiaux sont systématiquement diffusés à la télévision.
« On ne peut pas supprimer un sport fondateur, ce n’est pas logique »
Tarik Belmadani, qui a été triple-champion de France des moins de 60 kilos, ne comprend pas. « C’est un sport qui est à la création des JO, et il y aurait un sacré manque s’il disparaissait. On ne peut pas supprimer un sport fondateur, ce n’est pas logique. Le rêve et l’objectif d’un jeune lutteur, c’est de faire les JO », précise Belmadani. Et depuis le titre de Steeve Guenot, la lutte française avait retrouvé le sourire avec plus de licenciés et plus de visibilité. « Guenot a fait un grand travail pour la lutte et nous a relancés », tient à préciser Tarik Belmadani.
La fédération compte 20 000 licenciés et 2 000 compétiteurs. Mais surtout, ce sport a souvent généré des médailles pour l'équipe de France aux JO. Ghani Yalouz avait obtenu l'argent en 1996 à Atlanta. Sans compter la lutte féminine, qui fut admise pour la première fois au programme olympique à l’occasion des Jeux d’Athènes en 2004. Anna Gomis et Lize Legrand avaient remporté le bronze.
La lutte, qui ne semblait pas spécialement menacée, attend donc cette décision avec impatience. Une annonce positive devrait en soulager plus d’un.