Depuis plusieurs années, le cyclisme est dans la tourmente en matière de dopage. Et depuis l’enquête menée par l'Agence américaine antidopage (USADA) aux Etats-Unis, qui a fait tomber Lance Armstrong, on se pose la question de savoir si l’organisateur du Tour de France, Amaury Sport Organisation (ASO), aurait été laxiste vis-à-vis de l’Américain.
« Vous êtes sous serment, est-ce que vous pouvez affirmer que vous n'avez jamais reçu d'éléments sérieux sur l'usage de produits dopants par certains sportifs ou certaines équipes ? Et si vous les avez reçus, les avez-vous immédiatement transmis aux autorités françaises ? », a ainsi questionné Jean-Jacques Lozach, rapporteur de la commission d'enquête sénatoriale. « Je n'en ai jamais reçu », a répondu fermement Christian Prudhomme, qui a dirigé cinq Tours de France comme directeur général. Après cette première question, Christian Prudhomme a mis en perspective le travail d’ASO en matière de lutte anti-dopage.
700 000 euros consacrés au contrôle anti-dopage
Il a indiqué que le groupe qui organise aussi des courses comme Paris-Nice ou encore Paris-Roubaix, consacre 700 000 euros sur l’ensemble de la saison, notamment en financements de contrôles. Plus largement, lors de son audition, Christian Prudhomme a expliqué le rôle des organisateurs d'épreuves et leurs pouvoirs dans le domaine de la lutte contre le dopage, expliquant que l'entourage du coureur devait être également sanctionné, et pas seulement le sportif.
Christian Prudhomme a aussi fortement souligné que l’organisateur de la course ne pouvait pas être juge et partie. « Nous ne fixons pas les règles, nous ne faisons pas les contrôles, nous ne disons pas qui doit être contrôlé. Le cyclisme s'est dopé avant les autres, a été plus loin dans ce domaine, mais le cyclisme a changé », a-t-il argumenté.
Le directeur du Tour a aussi indiqué à plusieurs reprises « qu' il faut un organisme indépendant pour le contrôle anti-dopage », en insistant sur la nécessité de faire plus de contrôle durant les stages de préparation, tout en indiquant que durant l’épreuve, le ciblage est nécessaire. « Les contrôles sur le Tour sont cinq fois plus nombreux que ceux demandés, on ne peut pas en faire plus lors des épreuves », avance-t-il [566 contrôles en 2012, ndlr]. Selon le directeur du Tour, le rôle de la police, de la gendarmerie et des douanes reste aussi primordial.
« Je suis content que les sénateurs et les élus de la République se posent des questions sur le dopage et se demandent comment le faire reculer. J'étais convoqué depuis assez longtemps, j'ai répondu aux questions que l' on m'a posé. Ce que j'aime, c'est qu'il y a une réelle volonté d'améliorer le système, de faire en sorte qu'il soit plus performant avec un élément capital qu'on ne peut gagner seul dans un pays déterminé », a-t-il déclaré aux journalistes présents à l’issue de son audition. Et d'ajouter : « Il faut une agence mondiale anti-dopage avec des bras, des gens sur le terrain. Avec un traitement équitable pour tous les sports, dans toutes les disciplines et dans tous les pays. »