Du haut de son mètre quatre vingt dix-sept, l’escrimeur Yannick Borel aurait pu être un bon arrière au basket. Mais le hasard le conduit vers une autre discipline. « J’ai commencé l’escrime à l’âge de 10 ans à l’école. J’avais le choix entre ce sport ou le Gwoka (musique traditionnelle guadeloupéenne). La salle d’escrime était juste à côté de l’école, j’ai tout de suite adoré », explique l’athlète.
A l’époque, le plus important pour lui était de pouvoir faire de la compétition. « J’avais testé le karaté, mais il n’était pas possible de faire de tournoi, alors j’ai vite arrêté ». Au moment où la plupart des gamins rêvent de football ou de basket, Yannick Borel est persuadé d'avoir fait le bon choix. « Ça me plaisait de me battre avec une épée, mes copains se moquaient un peu de la tenue mais je m’en fichais », revendique le Guadeloupéen.
Repéré à l'âge de quinze ans
Dès lors, les bons résultats s’enchaînent et à l’âge de 15 ans, Yannick Borel est repéré par Jérôme Roussat qui lui propose d’intégrer le pôle de Reims. Ses parents s’y opposent, ils ne souhaitent pas voir partir leur progéniture avant le baccalauréat. Ce qui n’empêche pas Yannick Borel de progresser et de voyager grâce à son sport. Il se rend entre autres en Guyane, au Brésil ou en Colombie. A l’âge de 19 ans, le bac en poche, le voilà enfin en métropole au pôle France de Reims. Il intègre ensuite l’Insep* et retrouve Jérôme Roussat.
A partir de 2009, les qualifications pour les Jeux olympiques se profilent à l’horizon. Yannick Borel travaille d’arrache-pied pour faire évoluer son niveau et se confronter aux meilleurs séniors du circuit. Il doit absolument se classer dans les douze meilleurs mondiaux ou les deux meilleurs européens.
« Il y avait du monde devant moi, je me suis dit qu’il fallait que je fasse absolument ma place », précise Yannick Borel. Son visage juvénile cache une détermination sans faille.« Je m'imaginais être champion de France et progressivement je me suis vu aller aux JO ». Le sésame arrive lors des mondiaux de Catane, en Italie, où il s’offre un titre de champion du monde par équipe (2011). Seul ombre au tableau : il est contraint d’abandonner ses études de kinésithérapie. « Je n’arrivais pas à concilier les deux, il fallait choisir ». Il suit actuellement des cours pour être professeur de sport.
«J’y pense tous les jours»
A l'approche de l'échéance, dans quel état d'esprit est Yannick Borel ? « J’y pense tous les jours. Je suis dans la peau d’un gars qui n’a rien à perdre et tout à gagner. Même si je suis outsider, je n’ai peur de personne. Il faut que je progresse tactiquement et que je sois rigoureux le jour J ». Un travail de longue haleine avec des gestes qu’il répète sans cesse jusqu’à la perfection. A l’épée, on peut toucher son adversaire sur tout le corps.
« Le sport, c’est beaucoup de joie mais aussi beaucoup d’abnégation. Derrière une médaille, il y a des sacrifices. Cette année, j’ai évité les sorties, chose que les amis ont du mal à comprendre ». Pour ses premiers JO, Yannick Borel tentera de prendre des conseils précieux auprès de Brice Guyart ou encore de Laura Flessel. « J’ai toujours rêvé d’un titre olympique pour la Guadeloupe et la France », glisse Yannick Borel. Il n’a sûrement pas fini de nous surprendre.
*Institut national du sport, de l'expertise et de la performance