Médaillé d’argent et de bronze lors de plusieurs championnats du monde, à 28 ans, François Pervis est une valeur sûre du cyclisme sur piste français. Il représente une réelle chance de médaille à Londres pour le Keirin*. Pourtant, son ticket pour les JO est loin d’être acquis. Lors des derniers championnats du Monde à Melbourne (4 au 8 avril 2012), le pistard a complètement raté sa course, ce qui a remis en question sa sélection au profit de son compatriote Mickaël Bourgain (4e). « J’étais l’un des favoris et j’ai manqué de chance. Depuis 2006, je cours après un grand titre. J’attends ma bonne étoile », avoue le coureur. Au vu des critères de sélection, il lui reste tout de même une lueur d’espoir. « Pour moi, le verre est à moitié plein ».
« A l’époque, j’étais le roi du pétrole »
Comme François Pervis croit toujours en ses chances, il continue son sacerdoce sans relâche. Il a même eu l’occasion de tester le nouveau vélo Look L96, une formule 1 des vélodromes, spécifiquement développée pour Londres. Une monture qui pourrait lui donner l’or olympique si le verdict de sa fédération est positif le 12 juin prochain.
Sans sponsor après le retrait de son équipe Cofidis qui n’a plus voulu de pistards dans le groupe sportif en 2011, François Pervis est allé lui-même chercher des partenaires. Une contrainte et une angoisse supplémentaire dans cette année pré-olympique. « A l’époque, j’étais le roi du pétrole. J’avais du matériel et je courrais les Coupes du monde sous les couleurs de Cofidis. C’était un soutien financier, matériel et humain renouvelé chaque année. J’étais serein ».
Pourtant, le cyclisme sur piste français force le respect quand on connaît le nombre de médailles remportées lors des JO depuis deux décennies. « Je ne demande pas à être salarié d’une équipe professionnelle, je demande juste un sponsoring », revendique François Pervis. Tout en avouant : « Par rapport au cyclisme sur route, on est très peu médiatisé. Le Tour de France, les classiques passent à la télévision. Pas nous. Voilà notre problème ».
« Un sacrifice au quotidien »
Tout cela n’empêche pas François Pervis de se lever tôt pour poursuivre sa licence de management sportif et son entraînement intensif. Des cours qui ont lieu deux fois par jour, entrecoupés de deux séances physiques. Depuis 2001, François Pervis habite la même chambre à l'Institut national du Sport, de l'expertise et de la performance (Insep).
Un établissement qui a vu passer entre autres, Marie-José Pérec, Stéphane Diagana ou encore Tony Paker. Une situation qu’il compare presque à une vie monacale. « Les amis, la famille, tout cela passe après. Les plaisirs, c’est niet », assure-t-il. « Tout est dans l’optique de la compétition. Je fais un sport où le chrono parle de lui-même et je ne peux pas me mentir. C’est beaucoup de sacrifices au quotidien ».
Mais il n’y a aucune frustration pour l’athlète qui a choisi cette voie. « C’est sûr, quand on arrive ici à 17 ans, on ne se rend pas bien compte de tout ce que l’on doit faire pour y arriver ». Le temps a fait son travail et François Pervis reconnaît aujourd’hui : « Ma vie est comme ça et c’est certain que par rapport à un jeune de mon âge, la fête, les loisirs et les plaisirs, je les ai mis de côté pour percer dans mon sport ».
Un dévouement qui a permi au cycliste de faire le tour du monde et de pratiquer tant bien que mal sa passion. « Où est-ce que je serais aujourd’hui si je n’avais pas fait cela ? A l’usine ou alors au chômage. Pour moi, chaque jour est une victoire », admet-il. Maintenant, pour atteindre l’apothéose, il manque à François Pervis un titre de champion du monde ou l’or olympique. « Juste une fois », comme il le dit si bien.
*Entre 6 et 9 sprinteurs se disputent une course sur piste lancée par un vélomoteur. Les positions au départ sont tirées au sort. À environ 700 mètres de la ligne, le vélomoteur accélère et lâche les compétiteurs. Le vainqueur passe la ligne parfois à 70 km/h.